Le marchant balbutiait, il n'arrivait pas à croire ce qu'il avait vu. Un homme au cheveux long noirs venait de se prendre une brique dans la joue, sans pour autant que celui-ci ne bronche.
Vous l'aurez compris, cet homme n'est autre qu'Ernesto. Alors que le Cubain s'était disputé avec le marchant d'alcool en raison de la mauvaise qualité de son rhum qui venait soit disant de Cuba, ce dernier lui avait lancer unebrique. Il ne pouvait pas savoir que notre personnage avait une pierre lui conférant la résistance du fer. Il fit semblant d'avoir mal et laissa sa main sur sa peau afin de ne pas montrer qu'il n'avait aucune blessure, il ne voulait pas être dénoncé à la milice.

Tu es un cono. J'ai faillit me la prendre en pleine face, elle a ripé sur ma joue. Va pas dire que ça viens de Cuba ça, je suis de ce pays. Le rhum là bas n'est pas comme cette pisse de chien !

Il s'en alla, il ne voulait plus avoir affaire avec cet escroc. C'était dommage, pendant un instant lorsqu'il avait vu "Rhum" sur l'étalage il était content de pouvoir gouter à une saveur de son pays natal. Mais il n'en fut rien et il y eu une querelle.
Ernesto marcha quelques minutes et tourna à un coin de rue pour tomber dans une seconde rue marchande, mais étourdis comme toujours, il ne vit pas arriver l'homme qui semblait plongé dans ses pensés (tout comme le notre personnage d'ailleurs). Le choc fut brusque et les passants purent voir deux gugusses tomber lamentablement sur le trottoir.
Ernesto qui n'avait naturellement rien se précipita sur l'homme qui venait quelques instants avant d'être chassé d'une demeure.

Oh perdón, je ne vous avais pas vu. Ca va aller ?

La rencontre avec le sol fut rude, mais presque pas autant que celle qui s'était produite quelques secondes plus tôt. L'homme contre lequel il s'était cogné était solide, c'était certain. Un adepte d'une musculation trop poussées ? Il n'en avait pourtant pas l'air. Sirius l'observa rapidement quand il vint à son secours. Visiblement, lui non plus ne faisait guère attention à ce qui l'entourait. Il afficha un léger sourire, comme pour le rassurer, lui faire comprendre qu'il n'était pas énervé. Il se releva, se retenant de masser ses fesses endolori en public et sentit dans la paume de sa main droite une douleur. En cherchant sa source, il put remarquer qu'il s'était entaillé, un autre sourire pris place sur la charmante face et il leva vers l'inconnu un regard larmoyant. Profiteur, il murmura :

« J'ai mal... Je... Je suis désolé, je ne vous avez pas vu. Il sortit un mouchoir de sa poche et le posa sur la plaie. Comme si le fait d'être seul et sans foyer au milieu du trottoir ne suffisait pas... Enfin, ce n'est pas votre faute, vous ne l'avez pas fait exprès, n'est ce pas ? »
Son petit jeu avait un but simple, cet homme pourrait bien l'aider à lui trouver un foyer, même temporaire. Il était habitué à ce genre de combine, n'osant cependant trop forcé, vu la carrure de l'homme, il serait fort fâcheux qu'il se sente accusé... Réfléchissant, il chercha ce qui l'avait perturbé lorsque l'homme s'était approché... Il mit quelques instant à s'en rendre compte et ses espoirs d'aide disparurent avec la révélation. Un accent. Il n'était pas d'ici, cela réduisait les chances qu'il puisse lui être utile. Qu'importe, il s'était montré plaisant, autant engagé la conversation, à défaut de toit, cela occuperait le temps.

« Vous n’êtes pas originaire d'ici, n'est ce pas ? Ne le prenez pas mal ! Je n'ai rien contre, mais puis je savoir où vous logez ? »
Intérieurement, il se dit qu'il n'avait que très rarement occupé le lit d'une ou d'un immigré, ce pourrait être intéressant, exotique en quelques sorte...

Peu de personnes firent attentions aux deux jeunes hommes, une simple chute ni plus ni moins, rien d’intéressant. Quant à Ernesto, il s'en voulait de ne pas avoir été plus attentif. La main de l'inconnu en face de lui était blessé, le cubain n’eut pas le temps de sortir un mouchoir car le malchanceux l'avait déjà fait. Pour se rattraper il l'aida à se lever et lui ramassa sa valise, visiblement faite à la va-vite. L'homme se plaint un instant, cela donna une étrange sensation à Ernesto. Il s'attacha étrangement à cet homme qui lui parut sensible. D'après ses dires, il était sans abris et le voilà chargé d'un ennuis supplémentaire. Le cubain s'excusa encore.

Oh vraiment... je suis désolé, je n'ai pas fait exprès je ne voulais pas.

Il épousseta rapidement les vêtements de l'homme lorsque celui-ci lui demanda s'il venait d'ailleurs. Ernesto lui répondit qu'il venait de Cuba. Il lui demanda aussi où est-ce qu'il logeait. C'était une question étrange, mais bizarrement, elle sembla au cubain normale.
L'homme lui semblait sympathique, notre personnage avait même oublié l'histoire du rhum avec le marchant.

Je m'appelle Ernesto Korda.

On entendit le tonnerre, avec toute cette agitation, Ernesto en avait oublié de regarder le ciel qui menaçait alors de pleuvoir. Inutile de vous dire que la pluie était la phobie de l'homme de fer. Bien que "séduit" par l'autre, il n'oublia pas de cacher qu'il avait une pierre et dit alors.

J'habite dans les quartiers moyens, pour me faire pardonner et parce qu'il risque de pleuvoir, je pourrais vous inviter si vous voulez ?

Même si la générosité habituelle d'Ernesto lui donnait l'envie d'héberger tout les pauvres, ce qui était malheureusement impossible, il voulait bien faire une exception. Une fois de plus encore, il ne sut pas pourquoi.

Content de vous connaitre Sirius, j'insiste venez.

Ernesto ne voulut pas faire plus de manières, rentrer chez lui devenait urgent. Il insista encore une fois en argument le fait qu'il avait du désinfectant chez lui et qu'il pourrait soigner la main de Sirius. Il commença à marcher en direction des quartiers résidentielles moyens.Quelques rares gouttes commençaient à tomber. Le cubain pressa la pas, une goutte arriva sur sa main et laissa un petit point marron orangé. Il eu une douleur mais il ne laissa rien paraître et mit ses mains dans ses poches, d'ici quelques minutes, la blessure aura disparue. Ses longs cheveux lui permettaient pour le moment de ne rien avoir sur le crâne.
Il s'était déjà fait avoir une fois par la pluie, il rentrait chez lui et une averse était arrivée,elle avait duré dix secondes et Ernesto resta ensuite une semaine chez lui pour que sa peau rouillée se rétablisse. Là c'était pire, non seulement il se trouvait à dix minutes de chez lui mais maintenant il était avec quelqu'un et en public.

Dépechons-nous, je n'aime pas la pluie.

Il ne donna pas plus d'expliquations, il ne fallait pas mentionner la pierre. Sa joue reçut une goutte, il cacha la tache avec ses cheveux tant bien que mal. Il ne fallait pas courrir, cela ne serait pas très discret. Il espéra que l'homme n'avait rien remarqué. Ernesto se demanda si Sirius avait une pierre, si c'était le cas, cela l'arrangerait car il comprendrait son problème. Malheureusement la prudence et la paranoïa installées par la milice prenaient le dessus.
Le cubain était sûr que l'autre devait le trouver étrange, il trouva une phrase pour s'excuser.

Je n'aime pas l'eau, enfin c'est dur à expliquer...

Encore cinq minutes et il était chez lui, cependant la pluie commençait a s'intensifier, son crâne le démangeait, il serrait les dents et son visage montrait quelques points de rouille. Cette peur ajoutée au froid le faisait trembler.

Sirius l'avait découvert, mais notre cubain était tellement bredouillant et la douleur insupportable qu'il ne voulut pas opposer un resistance à celui qui lui tendait une cape, il ne mit pas longtemps pour la mettre et cela le rassura et l'apaisa, de plus ils étaient bientôt arrivés. Là Ernesto lui expliquerait tout, sa pierre et pourquoi il n'aimait pas l'eau, peu importe s'il est de la milice, la torture qu'ils lui infligeront ne sera pas plus horrible que celle qu'il subit là.
Il reconnut sa maison et il ne put s'empêcher de sourir et de lacher un soupir de soulagement.

C'est... c'est ici...

La pluie l'avait affaiblit incroyablement, là où l'eau était tombé formait sur son visage des lignes verticales comme des traces de larmes marron.
Ernesto ouvrit la porte, il y avait un couloir qui menait dans une petite cour intérieure, vers là droite de cette cour montait un escalier menant à chaque étage pour arriver devant chaque porte d'appartement. Notre personnage resta un moment dans le couloir, il rendit la cape à son possesseur et se tourna vers lui, Ernesto savait qu'il devait avoir une face horrible avec ses traces de rouille. Maintenant il devait tout lui expliquer, jusqu'à maintenant personne n'était au courant, il ne savait pas si cela sera une délivrance ou un son arrêt de mort, mais au moins il l'aura dit et il ne le gardera plus sur son coeur.

Voilà Sirius, vous êtes la première personne à apprendre la vérité.
Tout d'abord à Cuba, mon pays natal, j'avais des idées révolutionnaires qui étaient contre le gouvernement en place, j'ai du m'exiler il n'y a pas si longtemps ici à Londres. J'ai remarqué qu'ici aussi les inégalités avaient prit place dans ce pays. Et voilà qu'un jour je suis tombé au sol et il s'est trouvé qu'une pierre trainait par là.

Ernesto se tourna et souleva ses cheveux afin de montrer la pierre grise sur l'arrière du crâne. Il continua son récit.

C'est là que je reçu mon pouvoir, je n'avais rien demandé et voilà que je possède la resistance du fer. Ca a ses avantages, mais comprenez que le fer rouille et c'est aussi le cas pour moi. Je vais devoir attendre longtemps pour que mon visage cicatrise.

Le cubain avait finit, tout était dit. De son corps lourd de fer s'échappa tout de même un poids, restait à savoir comment l'autre allait réagir.

Sirius l'avait regardé tout le long, silencieux. Il n'avait pas bougé et Ernesto ne sut pas si cela était bon pour lui.
Le cubain se redressa, il ne voulait pas qu'on le prenne pour un faible, non pas du tout. Señor Korda était fort, plus résistant que n'importe qui sur cette planète, seul l'eau lui faisait mal, il était le fer et même la milice ne pourvait rien contre lui ! Tout cela, Ernesto le pensa dans sa tête pour s'encourager et quel ne fut pas son soulagement lorsqu'il sut que Sirius n'était pas hostile aux porteurs. Il mentionna même qu'il avait un pouvoir et donc une pierre.
L'anglais lui semblait compatissant, il n'avait plus à être sur ses gardes. Celui-ci lui demanda l'hospitalité et lui avoua qu'il ne vivait que de cette manière. En plus d'être franc, cet homme avait le mérite d'être serviable ; il lui proposait de le soigner alors qu'à l'origine, c'était Ernesto qui voulait règler le problème concernant la blessure à la main.
L'exilé lui avoua qu'il ne savait pas pourquoi il rouillait plus vite que le fer normal et qu'il avait déjà essayé le vernis ; sans succès.

Merci... vous pouvez naturellement venir chez moi, ne tardons pas.

La douleur s'était atténuée et était acceptable mais il avait tout de même ses limites. Avec un geste de la main, le cubain l'invita à rentrer chez lui. D'abord les escaliers puis le seuil, Ernesto plonga sa main dans sa poche, sortit son trousseau de clef et ouvrit la porte. Il proposa à Sirius de renter en premier pour pouvoir découvrir l'unique pièce de son appartements.

Spoiler: