Victoria Stone's After Story

Trois ans ont passés. La Reine Victoria a quitté son Angleterre Natale pour se réfugier en France, tandis que la milice a fait main basse sur beaucoup de porteurs de pierres. Jack l'éventreur cours toujours... Comment vivrez-vous cette nouvelle aventure ?
 
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Trois années plus tard. { Neill

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Unity Violett

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MessageSujet: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbMer 21 Déc - 19:08

Un petit sourire éclaira le visage de la jeune femme qui, en cet après-midi ensoleillé, se promenait dans les rues londoniennes dans sa belle tenue bourgeoise. Sourire de joie, de sérénité, de paix intérieure retrouvée. Après ces trois difficiles années, l'impulsive Unity parvenait enfin à être apaisée. Ce sentiment profond de bonheur ne pouvait être troublé que par un unique événement, qui allait hélas se produire. Mais n'anticipons pas. A ce moment précis, Unity Violett était la femme la plus heureuse du monde. Elle savourait le plaisir de se balader librement, sans avoir nulle contrainte, nulle personne non plus pour lui en imposer, au gré de ses envies et de ses espoirs. Et si ses pas la menèrent au commissariat, qu'importe ? Elle devait y aller de toute façon, ce n'était donc pas une mauvaise chose que son corps l'y mène de lui-même. Face à l'imposant bâtiment, qu'elle connaissait si bien pour y avoir souvent pénétré en tant que Seth, Unity sentit une légère pointe d'appréhension la gagner. Elle regarda les dossiers qu'elle portait sous son bras. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était d'entrer, de saluer poliment les employés, de prendre un ton un peu bourgeois et stupide, de tendre les dossiers au premier qui les réclamerait, et de sortir. Rien de trop compliqué, a priori ; ensuite, elle pourrait profiter du reste de son après-midi et de sa délicieuse promenade. Elle se composa un masque, entra dans le bâtiment. Elle y était déjà venue en tant qu'Unity, une fois. Pour la même mission, de plus. Aussi reconnut-elle les différentes personnes qui lui souhaitèrent bonjour, avec le vrai prénom. Elle prit soin de bien laisser ses cheveux sous sa frange, qu'elle portait un peu longue dans cette visée. Un jeune officier, assez séduisant au demeurant, prit les dossiers qu'elle lui tendit et lui sourit. Elle le lui rendit, avec un charme très british. et s'éloigna du comptoir. Elle était particulièrement satisfaite d'elle-même. Parfait, à présent, il ne lui restait plus qu'à profiter de sa tranquillité. Unity était véritablement sur un petit nuage. Elle se déplaçait avec une grâce qui lui était d'ordinaire étrangère, flottant dans sa robe de mousseline sombre, aussi belle qu'une fleur carnivore. Et c'est ainsi qu'elle se retourna, et...
POURQUOI LUI ?!
C'était un peu comme une apparition. Ou un mauvais souvenir qui resurgissait, peut-être. Mais elle le vit, lui. Cet espèce de pot de colle sadique et cruel, qu'elle avait eu le bonheur de ne pas voir pendant trois ans. Son sourire s'effaça d'un bloc. Cette personne faisait sans doute partie des plus redoutables qu'elle ait jamais rencontrées. Et pourtant, elle avait fréquenté son lot de criminels et de mécréants. Mais lui était pire ; et qu'il l'appréciât relevait uniquement du miracle, au fond. Il l'avait vue comme son jouet, et aurait pu se servir d'elle. Unity frissonna, subitement interdite devant cette figure du passé. Elle envisagea un instant de faire comme si elle ne l'avait pas vu. Mais c'était impossible, lui l'avait déjà remarquée. Et les employés du commissariat, eux, avaient bien vu que tous deux s'étaient aperçus mutuellement. Il aurait été suspect de faire semblant de ne pas l'avoir vu, alors qu'il allait certainement se poster en travers de son chemin. Bon, du calme Unity. La jeune femme évita la crise de colère. Au fond, très au fond, elle était quand même contente de le voir. Elle avait fini par l'accepter, inconsciemment, et à se prendre d'affection de lui. Il va sans dire que sa conscience, toutefois, n'était pas du tout d'accord avec cette position et s'acharnait à le voir avec un certain dépit, et une haine légère. Mais elle allait devoir être courageuse. Il se ferait des idées de toute façon, donc autant y aller.
« Bonjour, Neill, fit-elle d'une voix étrangement calme et douce. Cela faisait longtemps. »
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbMer 21 Déc - 21:24

- Merci monsieur Owen, vos renseignements nous sont toujours aussi précieux.

L’homme concerné sourit, un de ces faux sourires, ceux qu’il réservait au monde qui ignorait sa véritable identité. Ou plutôt : sa véritable nature. Celle qui faisait de lui un des pires hommes de Londres, et surtout un des plus dangereux. Mais si l’on voulait être un bon criminel, il fallait aussi être un bon manipulateur hypocrite aux sourires sympathiques et avenants. Un homme aux bonnes manières, qui paraît si bien élevé qu’on ne pourrait en aucun cas le caser de malfaiteur (ou pire : d’assassin), du moins jusqu’à ce qu’il vous révèle son vrai visage – mais à ce moment là il est déjà trop tard.

- Mais de rien, vous savez que je trouve votre cause des plus nobles.

Rien de tel pour l’égo de ce policier que de flatter l’action qu’il entreprend. Neill était passé maître dans l’art de rengorger votre vanité pour mieux vous écrabouiller (puis s’essuyer les pieds sur vous) le moment venu.
Ce qu’il pensait réellement de quelqu’un qui faisait partit de la milice et usait de son boulot de flic pour donner des informations à des assassins en puissance (parce qu’on peut bien servir une cause soit disant noble, tuer des gens parce qu’ils possèdent des cailloux magiques et des pouvoirs bizarres fait de vous un assassin, et c’est tout) n’était pas aussi positif. Pour lui, le monde entier était rempli d’hypocrites et encore là il en avait la preuve. La milice après tout n’était-ce pas des gens qui voulaient faire le travail de Dieu et débarrasser le monde de la magie de l’enfer ? En se montrant sans doute aussi (voir plus) cruel que ceux qui ont des pierres, au final. Et cela sans pouvoir.
Mais peu importait l’hypocrisie, puisque Neill en était le roi, et qu’est ce qu’il s’amusait à vendre ces gens qui possédaient des pierres, alors qu’il avait été autrefois l’un des plus grands trafiquants de cailloux. D’ailleurs bien souvent les personnes qu’il dénonçait étaient de ses anciens clients.

- C’est bien d’avoir des gens comme vous du côté de la Milice, Monsieur Owen
- Je ne fais que mon devoir.


Tu parles. Il ne faisait ça que pour son propre plaisir. Parce que souvent il avait le droit de punir les coupables lui-même (et ne se gênait pas pour les faire souffrir le plus possible pendant plusieurs jours avant de seulement s’en débarrasser), parce que parfois ça l’arrangeait (quand une personne se mettait en travers de sa jolie route sanglante par exemple), et puis finalement parce que ça lui donnait du pouvoir sur ces bons à rien : à la fois de la milice et de la police. Un vrai délice.

- Cessons de parler affaire, comment va votre délicieuse sœur ?

Neill tiqua. Sa délicieuse sœur plaisait de plus en plus aux hommes, et peut-être – sans doute – était-il temps de la marier. Seulement voilà, enchainé à un mari elle serait un moins bon esclave (et elle était sans doute la seule en qui il pouvait avoir confiance), et puis il n’aimerait pas avoir un beau-frère qui viendrait fouiner dans ses affaires et réclamerait une dot.
Et surtout, oui surtout, il était hors de question qu’il fasse épouser à sa sœur un homme si peu haut placé dans la société tel qu’un policier. Hors de question.
Alors ce cher monsieur Owen écourta le sujet.

- Elle se porte bien. Oh mais vous avez vu l’heure ? Je vais être en retard, des affaires m’attendent.
- Bien sûr monsieur Owen, vous devez être un homme très occupé, pardonnez-moi de vous avoir retenu.
- Ce n’est rien. Je vais prendre congé maintenant.


Il se leva, serra la main –non sans une grimace dissimulée- au policier, puis s’apprêta à partir. Ses yeux s’accrochèrent alors sur la femme qui se tenait non loin devant lui. Elle avait le dos tourné, mais cela n’empêcha pas Neill d’avoir soudain l’impression qu’un type invisible et acharné essayait de l’enfoncer dans le sol à coup de pelle sur la tête. Il l’avait reconnu immédiatement (après tout quand on est un grand vilain, on est hyper physionomiste et observateur, histoire de ne pas rencontrer de mauvaises surprises, et puis surtout il n’aurait jamais pu oublier… pu l’oublier).
Le voilà pris au dépourvu – ce qui n’arrivait jamais, ce qui ne devrait jamais arriver – et incapable de savoir comment réagir. Au fond trois options s’offraient à lui : soit il remontait le col de son manteau de façon à cacher son visage, et sortait d’ici avant qu’elle ne le remarque. Soit il lui attrapait le bras, la forçait à se retourner et vérifiait que son cerveau ne lui jouait pas des tours. Soit il restait là planté comme un piquet et attendait qu’elle disparaisse ou se retourne d’elle-même.
La première solution était évidemment la bonne, il ferait bien mieux de partir et d’éviter à tout jamais de retomber dans une dépendance vulgaire (et totalement effroyable, il avait mis bien trop longtemps à s’en séparer pour prendre le risque de jamais revivre ça), mais apparemment ses jambes avaient décidé de se mettre en mode automatique, refusant d’écouter son esprit, elles restèrent là, sans vouloir bouger, comme si tout à coup elles étaient trop fatiguées pour faire un pas de plus (ce qui était parfaitement stupide, puisque Neill avait passé une partie de la matinée assis sur une chaise).
Finalement, elle se retourna, et il en fut certain. C’était bien elle. Unity. Ses yeux tombèrent dans les siens, et le mec à la pelle continua à s’acharner sur sa tête.
Il essayait de trouver un sourire sadique à lui offrir, mais à vrai dire il était trop sonné pour faire quoi que ce soit, il espérait juste qu’elle ne le reconnaisse pas et passe son chemin.
Comme si c’était possible… Neill n’avait pas changé du tout.
D’ailleurs elle brisa tous ses espoirs en s’adressant à lui (d’une voix plutôt calme) :

- Bonjour Neill. Cela faisait longtemps.

Trois ans. A tous les coups il aurait même été capable de donner le nombre exact de jours s’il avait réfléchis un peu, mais il préférait ne pas le faire.
Il fallait qu’il réagisse, il fallait qu’il se reprenne. Il prépara mentalement des mots très simples et faciles, une phrase toute bête dans le style « bonjour Unity. Effectivement nous ne nous sommes plus vu depuis longtemps. Et bien voilà, heureux de vous avoir revu. Je dois cependant écourter notre rencontre, j’ai rendez-vous », ce n’était pas compliqué, néanmoins les seuls sons qui sortirent de sa bouche furent :

- Unity…


Pitoyable. Les grands méchants vilains assassins sadiques ne devaient pas se transformer en flaque d’eau dégoutante – et idiote – juste à la rencontre d’une femme, non mais franchement. Neill toussa donc grossièrement – comme s’il avait eut un chat dans la gorge – et décida de se reprendre :

- Bonjour. Cela faisait longtemps en effet.

Et reprenant le pouvoir sur lui-même, il réussit à ajouter – avec petit sourire content de lui-même à la clé :

- Je vois que vous êtes devenue une femme, depuis tout ce temps.

Et cette simple remarque suffit à lui redonner toute confiance en lui, il en fut soulagé. Ce n’était pas cette femme qui allait avoir un quelconque pouvoir sur lui, il n’était plus un enfant maintenant, il ne se laisserait plus avoir.

- Et bien je suis toujours ravi de revoir d’anciennes connaissances. Comment va donc notre ami détective ?

A vrai dire Neill aurait pu le savoir, mais depuis ces trois ans il avait décidé de mettre le plus de distance entre elle et lui, et cela consistait aussi de s’éloigner de Seth évidemment. Alors il ignorait bien ce que pouvait faire ce détective factice, qui n’était autre qu’Unity. A son souvenir, elle jouait aussi le rôle d’une servante, mais il en avait cure. Aujourd’hui il ne voulait plus rien à voir avec elle, il ne voulait surtout pas renouer des liens avec elle.
Il voulait juste vivre sa vie de méchant sans se mêler des affaires de cette femme, il était après tout beaucoup plus drôle de torturer, tuer, faire souffrir, plutôt que de risquer de tout perdre juste pour s’amuser avec elle.
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Unity Violett

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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbJeu 22 Déc - 0:35

Voilà, c'était fait. Elle avait accompli cet effort difficile et douloureux, elle l'avait salué. Déjà, elle le regrettait. Il aurait été tellement plus simple de faire comme si tout cela n'avait pas eu lieu, comme si elle ne l'avait pas vu et sortait en ignorant qu'elle était là. Mais voilà, Unity était une femme courageuse et civique. Contrairement à lui, elle avait de l'estime pour les autres et ce qu'ils pouvaient penser. Et voilà comment elle se retrouvait dans cette situation. Mais, à sa grande joie, Neill Owen ne se trouvait pas mieux qu'elle. Il la regardait d'un air bizarre, un peu surpris et décontenancé. Légèrement seulement - c'était toujours un vicomte démiurge, cela allait sans dire. Cependant, il marqua un temps d'arrêt avant de lui répondre, comme s'il réfléchissait à la manière de s'en sortir. Peut-être n'était-il pas aussi ravi de la voir. Unity se maudit subitement d'avoir pris les devants ; si elle n'avait pas voulu le devancer et prendre l'avantage, il aurait sans doute eu la même attitude qu'elle, et à l'heure qu'il était, ils seraient tous deux dehors. Mais hors de question de le montrer. Il répéta son prénom sur un ton vague, ce qui la fit sourire. Qu'il était drôle de le voir presque muet, quasi-impuissant devant la personne d'Unity. Cela la consola de la bêtise qu'elle venait de faire. Il toussa, comme si c'était sa voix qui lui avait fait défaut - mais bien sûr, on y croyait... - et reprit. « Bonjour. Cela faisait longtemps en effet. » Bon, pour l'instant, il ne s'en sortait pas trop mal. Il avait de la chance qu'Unity n'était pas si moqueuse et qu'ils étaient en public, sinon il se serait directement attiré une remarque sarcastique. Mais elle lui laissa l'avantage. Elle eut tort. Il ne trouva rien de mieux à faire que de lui répondre : « Je vois que vous êtes devenue une femme, depuis tout ce temps. » Cette petite pique, qui pour Unity avait un sens double, permit à Neill de s'en sortir. La détective vit immédiatement qu'il reprenait confiance en lui. La remarque la vexait quand même. Même si elle n'avait jamais eu envie que Neill la vît comme une femme, son ego ne pouvait s'empêcher d'être froissé par une remarque aussi désobligeante. Hé bien oui, elle s'assumait, elle n'en avait pas honte. Et alors ? cela ne le regardait pas. Et en même temps - à son grand désarroi -, cela lui fit plutôt plaisir. Un tel compliment de la part de Neill relevait du miracle, elle en avait bien conscience. Peu importait qu'il ne le pensât pas sincèrement. Son fichu orgueil féminin s'en trouvait ravi. Pauvre Unity, rattrapée par ses plus bas instincts.
« Et bien je suis toujours ravi de revoir d’anciennes connaissances. Comment va donc notre ami détective ? » Unity retint une grimace. Ah, Neill n'avait décidément pas changé. Voilà qu'il avait repris la maîtrise de la conversation. Et il la tenait bien, en plus. Elle ne voyait pas trop en quoi elle aurait pu agir de même - elle ignorait tout de ces actuelles activités illégales, ce qui était bien dommage. Mais une chose était sûre : elle ne devait pas le laisser gagner. Il était étrange de voir à quel point elle rentrait facilement dans le jeu après un tel délai. Et surtout, combien elle en avait envie - pas énormément, certes, mais toujours plus qu'autrefois. C'était déjà une évolution digne d'être mentionnée. Unity lança : « Je m'étonne que vous souhaitiez vous informer de lui. Il a donc laissé une image si positive dans votre esprit ? Hélas, vous aurez du mal à le voir ces temps-ci. Monsieur envisage d'établir son cabinet en Écosse. » Bien évidemment, elle n'allait pas préciser si il s'agissait juste de faire disparaître Seth, ou de déménager elle-même dans une ville écossaise. Même si, en le voyant devant elle, la deuxième solution lui paraissait subitement très attrayante, il s'agissait de la première qu'elle avait l'intention de mettre en place. Laisser Neill dans le flou n'était pas mauvais - et puis, il n'en serait pas forcément déçu, au contraire. C'était même - et elle se félicita intérieurement d'y avoir pensé - une manière de voir comment il appréhendait son absence. Le départ d'Unity entraînerait une réaction que la Londonienne serait enchantée de décrypter. Ravie de s'en être plutôt bien sortie pour cet échange, elle ajouta : « Et je vous remercie du compliment, Owen. Si je ne vous connaissais pas, je vous assure que je le prendrais mal. Après tout, il n'y avait rien de moqueur dans tout cela, nous sommes bien d'accord ? » Elle appuya le tout d'un sourire parfaitement faux, signalant par là à son interlocuteur qu'il y avait un double sens à ses paroles. Mais bien sûr qu'ils étaient d'accord. Le but étant de se moquer de l'autre, comment aurait-il pu en être autrement ?
« Vous en revanche, vous n'avez pas changé. C'est regrettable que vous soyez toujours imberbe. » Et vlan. Il faisait peut-être un peu plus mûr, et était sans doute beaucoup - mais alors beaucoup - plus charismatique. C'était aussi troublant pour Unity. Après tout, c'était une femme, elle n'était pas indifférente. Neill était un homme qui savait se mettre en valeur, il fallait le reconnaître même si elle n'en avait pas envie. Le critiquer sur son physique était aussi une manière de se détendre et de répondre à sa propre accusation. Souligner le côté adolescent de Neill était, enfin, une manière de l'éloigner d'elle et d'éviter qu'elle ne lui trouvât un quelconque charme qui puisse, comme la fois dernière, la conduire à se montrer plus sympathique avec lui, le trouvant attachant. Non, pas cette fois. Si elle se convainquait qu'il n'était qu'un gosse - bon, il avait vingt-deux ans quand même, mais oublions ce détail -, elle pouvait peut-être se défaire de lui... ?
« Je suppose que vous avez vécu une superbe existence pendant ces trois années, continua-t-elle, le sourire éclatant toujours scotché aux lèvres. Une vie pleine de divertissements et de défis. Comme je vous envie sur ce point-là. Est-ce là le secret de votre jeunesse ? Allons, nul souci n'a dû vous goûter pendant ce temps-là, ou vous me ressembleriez. » Une manière, pour Unity, de le renseigner sur le contenu de son existence pendant ce creux où il ne s'était pas vu... mais aussi un avertissement. La rupture avec Ryan, l'usure face aux crimes qu'elle devait résoudre, les disputes fréquentes avec ses parents et Ringalls, tout cela, elle n'avait pas envie d'en parler, et encore moins à quelqu'un de sa trempe. Elle voulait aussi lui montrer que désormais, elle en avait marre, qu'elle avait été au bord du gouffre et que s'il l'énervait trop, elle y replongerait sans le moindre doute. Elle se trouvait vieille et fatiguée, et l'immense joie qui l'habitait encore quelques minutes auparavant venait de s'effacer face à la résurgence de son passé.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbJeu 22 Déc - 21:13

Neill aurait voulu qu’Unity se vexe ou bien qu’elle s’ennuie. Peu importe. Il aurait voulu qu’elle soit si dérangée par sa présence qu’elle prenne la décision de l’ignorer, de baisser les yeux, de détourner le regard, de lui tourner le dos, de s’en aller. Il était vraiment doué pour se faire aimer, et il avait le talent rare de terroriser également, il était capable d’exaspérer ou de se faire haïr, et dans ses souvenirs Unity n’était pas une des dernières à être ennuyées par ses propos. Pour preuve elle avait pris ses distances avec lui il y a exactement trois ans, et lui, plutôt que se débarrasser d’elle (comportement normal vis-à-vis d’un jouet qui ne servait plus) il s’était également éloigné. Pensant –espérant- que leur route ne se croiserait plus jamais.
Mais elle était là en face de lui, et elle ne se détourna pas et lui répondit.
Elle s’étonnait de sa demande, avait-il finalement gardé une image positive de Seth ? Non, pas du tout, il avait effacé toute image de lui, c’est tout, il ne voulait plus rien à voir à faire avec lui (et donc par conséquent avec elle).
Unity continua, expliquant que le détective allait s’installer en Ecosse. Ah oui ? Seth partait ? Et il emmenait la jeune femme avec lui alors (ou c’était plutôt elle qui s’en allait et apportait sa deuxième personnalité avec elle). Unity quittait Londres. Alors voilà, si c’était vrai, il ne la reverrait plus ni ne risquerait plus de tomber par hasard sur elle – exactement ce qu’il désirait. Et même si quelque chose en lui semblait refuser de toutes ses forces cette idée, ce quelque chose n’était plus aussi fort qu’autrefois, parce que trois ans étaient passés, parce que Neill avait muri. Même s’il continuait de s’amuser, même s’il n’avait pas peur de se mettre en danger, il avait assez grandi pour ne plus se laisser aller comme un gamin, pour contrôler assez sa folie afin de ne jamais retomber en dépendance.
Il élargit alors son sourire, le transformant en une sorte de rictus montrant un soulagement certain (et peut-être une pointe de sadisme), étirant sa ride (et sans doute la creusant un peu plus, à son insu), cette ride qui montrait qu’il avait un peu vieilli (même s’il restait jeune) et qu’il n’avait plus sa peau d’adolescent (à l’épreuve de tout et surtout de l’âge).

- Il part donc, tant mieux. Je suis heureux de voir s’éloigner un détective, mes affaires ne s’en porteront que mieux.

Evidemment, quand un détective (aussi bon que Seth/Unity) quittait Londres, cela n’était que bon pour quelqu’un comme Neill. Ses affaires allaient d’autant plus fleurir qu’aujourd’hui il avait le pouvoir sur la police (et la milice), Londres allait prospérer sous son joug – alors qu’il n’était pas le roi (pas plus que cette sotte reine qui avait fuit en France) et il s’en lècherait les lèvres s’il avait été dans un autre lieu. Ici, il devait rester noble et droit, il devait cacher son vrai visage de sadique. Il savait des yeux tournés vers lui, vers ce noble si respectueux qui n’oserait jamais faire du mal à son prochain (sauf peut-être ces rebus de la société qui possédaient des pierres).

- Et je vous remercie du compliment, Owen. Si je ne vous connaissais pas, je vous assure que je le prendrais mal. Après tout, il n'y avait rien de moqueur dans tout cela, nous sommes bien d'accord ?

Neill répondit au sourire d’Unity par un hochement de tête et un regard brillant d’ironie. Aucune moquerie évidemment, voyons le vicomte Owen n’oserait jamais se moquer d’une dame (du moins était-ce les croyances populaires). Mais de toute manière, cela n’avait que peu d’importance, puisque moqueur ou pas, ce que Neill avait dit n’était que la pure vérité. Unity apparaissait aujourd’hui en tant que femme, et quelle femme, si Neill avait encore dix-neuf ans, s’il avait encore eu ces mauvaises habitudes de coucherie, il se serait amuser à la séduire. Et c’est drôle d’y penser, puisque n’était pas ce qu’il avait voulu faire quand ils étaient tous deux plus jeune ? Un jeu qui s’était retourné contre lui (pour la première fois et la dernière fois de sa vie). Aujourd’hui il était plus sage, du moins à ce sujet, puisqu’il se montrait alors plus cruel sur d’autres côtés.

- Vous en revanche, vous n'avez pas changé. C'est regrettable que vous soyez toujours imberbe.

Plutôt que de déstabiliser Neill cette moquerie l’amusa. Quelqu’un d’attentif aurait pu voir les couteaux que ces deux là s’envoyaient sous des paroles apparemment normales, mais ils n’étaient certainement pas assez observateurs pour cela.
Peu importait, et persuadé qu’Unity allait bientôt partir, Neill se disait qu’il ne risquait pas grand-chose à jouer un peu.

- Oh ! Figurez-vous que j’ai changé. Vous seriez surprise d’apprendre que je ne suis plus le même gamin.

Il appuya ses paroles avec un regard sérieux. Il se tint comme un noble doit le faire. Non, plutôt comme un homme doit se tenir. Comme si tout à coup il était devenu un adulte accompli, comme s’il avait laissé tomber toute forme d’amusement pour enfin se comporter comme quelqu’un qui a de grandes choses à accomplir. Bien sûr ce n’était qu’une image, mais c’était une de ses préférées, parce que cela prouvait qu’il avait grandi. Il n’affichait plus ce visage d’adolescent, et même à l’intérieur il avait sans doute un peu évolué.
Bien sûr, il continuerait de vouloir s’amuser, mais maintenant il maîtrisait bien mieux ses caprices (oh cela ne l’empêchait pas d’être totalement lunatique) et ses jeux.

- Et je pense que vous n’en reviendrez pas si je vous disais que je suis passé du côté de la justice.

Une justice qui l’arrangeait bien, une justice où il pouvait tuer, torturer, faire souffrir, faire ce qu’il préférait : jouer. Où il était un loup, et les autres ses proies. Une justice où il pouvait être le maître, un joueur sur un échiquier géant, se saisissant des pions comme il le désirait. Une justice bien injuste en vérité, injuste pour les autres, et drôle pour lui. Mais il n’allait pas contrarier ceux qui se croyaient si bon à vouloir débarrasser le monde des gens avec des cailloux, parce que se servir d’eux était bien trop pratique et amusant.

- Je suppose que vous avez vécu une superbe existence pendant ces trois années. Une vie pleine de divertissements et de défis.

Elle n’était pas loin de la vérité, mais sa superbe existence il la vivait depuis bien avant. En fait, depuis qu’il s’était débarrassé de sa famille, depuis qu’il avait reconstruit son nom, depuis qu’il avait découvert dans le mal et le vice : l’amusement qui lui avait manqué étant enfant. Pourquoi cela aurait-il dût en être autrement ? Pourquoi aurait-il changé simplement parce qu’il l’avait rencontré et qu’elle avait quelque part modifié un moment de son existence ?
Non, Neill avait certes grandi, évolué, il avait changé ses activités, mais dans le fond il avait toujours cette nature mauvaise. Evidemment, ses jeux devenaient plus cruels et sadiques, parce que l’habitude était source d’ennuis, parce qu’il aimait découvrir des nouveaux jeux. Mais il avait continué à mener « une superbe existence » comme elle le disait, c’était vrai.

- Comme je vous envie sur ce point-là. Est-ce là le secret de votre jeunesse ? Allons, nul souci n'a dû vous goûter pendant ce temps-là, ou vous me ressembleriez.

Et pourtant, n’avait-il vraiment connu aucun souci ? Il se rappelait maintenant des jours et des nuits qu’il avait passé à vouloir se cogner la tête contre les murs pour ne plus penser à elle, il se souvenait avoir eu envie mille fois de réessayer de la recontacter, et de s’en empêcher à tout prix pour se détacher à tout jamais du pouvoir qu’elle pouvait avoir sur lui. Il avait étranglé et tué des tas de personnes en essayant de tuer son image à elle. Bien sûr Unity avait fini par se loger dans un coin assez profond de son esprit pour qu’il ne pense plus à elle, mais maintenant qu’elle était là devant lui, il repensait à son influence et voulait l’éviter à tout prix. Et puis il avait eu d’autres soucis aussi, après tout la milice avait mis fin à son magnifique trafique de pierre et il avait du dire adieu à son plus beau commerce (qui l’enrichissait), et s’il trouvait d’autres moyens de remplir d’or ses coffres, et profitait de cette situation, pendant un temps cela l’avait mis dans une colère noire. Il détestait qu’on lui vole ses jouets.

- Le secret de ma jeunesse n’est dût qu’au fait que je suis encore jeune. Et pourtant bien plus vieux que j’aurais cru mon espérance de vie.

Car il avait toujours cru mourir à ses vingt ans, ou même avant. Parce qu’il était trop fou, et qu’il prenait trop de risque, qu’il se complaisait dans le danger. Et non, le voilà à vingt-deux ans, toujours debout, toujours en bonne santé, et prêt à aller cueillir une ou deux victimes dans son jardin londonien.

- Mais vous avez raison, ma vie est très amusante, pleines de défis comme vous dites. Et sans doute que mes soucis sont d’un tout autre ordre que les vôtres.

Et les yeux pétillants il ajouta :

- Et ne craigniez rien, je vous trouve parfaitement conservée pour votre âge.
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Unity Violett

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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbJeu 22 Déc - 22:14

Unity se sentait à peine mieux, à présent. Plus libre de respirer, peut-être, sans complexe. A l'annonce de son départ, Neill avait réagi exactement comme il fallait. Cela en devenait déprimant. Par chance, elle discernait très bien les énormes traces de l'ironie sur son visage. Au moins n'avait-elle pas perdu la main ; et lui n'avait pas tellement changé. Après tout, il était si facile de se moquer d'elle... La détective eut envie de soupirer. Il était tout de même plus agréable lorsqu'il se montrait collant ; il était certes tout aussi moqueur, mais au moins, il savait se tenir et avoir un certain égard pour elle - rien de bien important, mais il faisait tout de même attention à elle. Là, il était tellement horrible que cela lui donnait envie d'exploser, de le gifler, de lui tordre le cou et de le frapper au ventre avec violence, tout cela à la fois. Cruel vicomte. « Oh ! Figurez-vous que j’ai changé. Vous seriez surprise d’apprendre que je ne suis plus le même gamin. » Unity se retint de rire. L'apprendre ? non, cela ne l'étonnait guère. Ce qui aurait été vraiment surprenant, c'est que pour une fois, le vicomte lui dît la vérité. Soit, elle voulait bien admettre qu'en trois ans, surtout à un âge aussi jeune, on changeât un minimum. Mais le côté gamin qui veut tout, tout de suite, sans égard pour les autres, n'était certainement pas passé, ou il se comporterait différemment avec elle. « Cela reste à prouver. » ; rétorqua Unity d'un ton sceptique, sans se départir de son sourire. Elle aurait vu un véritable changement s'il cessait toute activité frauduleuse - ce qui était impossible - ou se mettait à être gentil - tout aussi improbable. A ses yeux, il n'avait pas changé. Juste évolué, histoire de s'adapter au contexte de l'époque. « Et je pense que vous n’en reviendrez pas si je vous disais que je suis passé du côté de la justice. » Unity sentit ses yeux s'agrandir malgré elle. Du côté de la justice ? C'était une mauvaise blague, ou quoi ? Il devait y trouver son compte, ce n'était pas possible autrement. Il devait jouer sur les mots. La justice n'était sans doute pas cette vertu morale et merveilleuse qui était si chère à Unity ; cela, c'était le sens que le vicomte voulait qu'elle considère. Mais sans doute était-ce quelque chose de plus terre-à-terre ; le domaine judiciaire, la justice légale, etc. Oui, cela expliquerait pourquoi elle le trouvait au commissariat. « J'ai en effet du mal à y croire. Vous n'avez rien d'un altruiste que je sache, Owen. La justice que vous concevez n'a sans doute rien à voir avec ce que je considère comme juste. » Elle s'était montrée un peu sèche, agacée par ce petit jeu. Elle détestait voir Neill se prendre pour un gentil, quand bien même lui non plus n'y croyait guère. Elle avait heureusement répondu à voix basse, de sorte que personne ne pût les entendre. Qu'il s'en vantât aussi explicitement dans le commissariat tapait réellement sur les nerfs d'Unity, qui se sentit tout à coup beaucoup moins calme, plus sombre. Cet imbécile allait réussir à la mettre en colère, à tous les coups. Neill ou comment gâcher un somptueux après-midi.
Lorsqu'elle aborda le point de sa jeunesse, Neill répondit : « Le secret de ma jeunesse n’est dût qu’au fait que je suis encore jeune. Et pourtant bien plus vieux que j’aurais cru mon espérance de vie. » Unity sentit son humeur s'aggraver encore. Elle eut envie de rire, mais s'abstint par pure politesse. Quoi donc ? à vingt-deux ans, il pensait déjà avoir dépassé le stade de son espérance de vie ET se trouvait jeune ? Quel curieux personnage. Unity aurait adoré avoir de nouveau son âge. La période n'était pas très agréable, mais elle se sentait si jeune, si fraîche... le temps ne l'avait pas encore altéré. Elle fanait comme une fleur, désormais : petit à petit, en s'asséchant, en se fripant telle une pétale. Le temps était cruel, et Neill particulièrement stupide de se croire si prêt de la mort. De toute façon, ce n'était pas son problème à elle s'il commettait des actes infâmes, qui lui attiraient des ennemis redoutables ; elle-même et la face de la terre se porteraient mieux après sa mort. « Mais vous avez raison, ma vie est très amusante, pleines de défis comme vous dites. Et sans doute que mes soucis sont d’un tout autre ordre que les vôtres. » D'un tout autre ordre, sans doute. Lui devait sans doute chercher à ne pas s'ennuyer, et éventuellement à se sortir d'un léger pétrin. Rien de bien grave. Unity, elle, s'était complètement perdue, et se retrouvait à peine. Les problèmes psychologiques étaient si durs à affronter, même pour quelqu'un d'aussi forte qu'Unity. Le seul défi qu'elle avait, c'était de trouver la force de se lever le matin, de se regarder dans le miroir en se disant : "je vaux quelque chose". Pour elle, ce n'était plus évident. « Et ne craigniez rien, je vous trouve parfaitement conservée pour votre âge. » Cela suffit à la mettre de très, très mauvaise humeur. Unity trouvait cette remarque particulièrement insultante, d'autant plus de la part du vicomte. La femme s'approcha de lui, son sourire factice tenant toujours, mais une lueur meurtrière dans le regard. Elle voulait qu'il soit le seul à entendre ce qu'elle pouvait dire. « Abruti. » C'était sorti comme cela, tout seul, sans qu'elle pût se contrôler. Et au fond, quelle importance ? Comme s'il ne savait pas qu'elle était impulsive. « La finesse, c'est toujours ton fort, petit vicomte. Tu m'énerves, mais à un point tel... Tu ne sais qu'être méchant et moqueur, et après tu t'étonnes d'avoir une espérance de vie aussi courte. Tu veux que je te dise ? Je pense que tu n'es qu'un gamin perdu qui a besoin d'être corrigé. Je suis pas ta mère, et c'est tant mieux. Alors tes remarques sur mon état de conservation, tu peux les garder pour toi. J'en ai rien à foutre que tu le penses ou non, de toute façon, je sais que ce n'est pas vrai, et c'est vraiment pas ce que je recherche dans la vie. Fourre-toi ça dans le crâne, et dis-toi que cette fois, si tu manigances quelque chose et que je le découvre, je te dénonce, et je m'en fiche des conséquences pour moi-même. » Elle était mortellement sérieuse, c'était cela le plus effrayant. Elle n'en avait rien à faire des conséquences ; même sa réputation ne comptait plus. Sa mission, elle la perdait de vue, depuis si longtemps, c'était quelque chose de flottant et utopique. L'idéal de justice dans le monde n'avait plus grand intérêt à ses yeux, quand elle savait que cela n'en finirait jamais. Heureusement, tant qu'elle vivait, elle concédait à l'assouvir. Il fallait bien qu'il y ait quelqu'un pour le faire. Et d'une certaine manière, s'opposer à Neill serait peut-être la seule chose qu'il restait à faire avant mourir. Ce vicomte était resté impuni trop longtemps. Si elle suivait sa propre logique, avant de pourchasser des criminels désespérés, qui en étaient à leur unique méfait, causé par la nécessité, elle devait plutôt s'attaquer à Neill. Parce qu'elle restait bien à Londres, elle.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbJeu 22 Déc - 23:02

- J'ai en effet du mal à y croire. Vous n'avez rien d'un altruiste que je sache, Owen. La justice que vous concevez n'a sans doute rien à voir avec ce que je considère comme juste.

Evidemment, cela n’avait rien de juste. Mais qu’est ce qui était juste ? Naître dans la rue orphelin et crever la dalle, se laisser marcher dessus par des gens qui ont eut une meilleure naissance par un coup de chance ? Leur voler un bout de pain et se faire couper une main pour ça ? Est-ce que ça c’était juste ?
Ou bien est ce que se faire tabasser par son père et son frère trop saoul, trop fou, trop dépensier sous prétexte qu’on était le plus jeune, est ce que ça c’était juste ?
Franchement, si on devait regarder la justice de ce monde, elle ressemblait bien plus à celle de Neill, qu’à celle d’Unity.
Mais bon, cela n’avait aucune importance à ses yeux, car la seule et unique chose qui comptait c’était lui-même et puis c’est tout.

- Je suis du côté de la justice, mais je n’ai pas dis être juste. Je ne fais que ce qui me plaît.

Et si cela lui plaisait de faire du mal, alors il n’allait pas se gêner d’en faire. Peut-être qu’un jour il se passionnerait pour la bonté, mais il en doutait fortement, cela n’avait pas l’air amusant du tout. Fallait voir comme ceux qui faisaient le bien vieillissait vite et semblaient porter la misère du monde sur leurs épaules. Non merci, très peu pour lui.
Tout au long du dialogue, il pouvait sentir l’énervement d’Unity augmenter, tant mieux. Comme cela il n’y aurait rien à installer entre eux. Et finalement elle se lâcha complètement à sa dernière remarque sur sa conservation. Se rapprochant de lui afin que personne ne puisse entendre ce qu’elle avait à lui dire, elle l’insulta d’abruti.
Neill aurait éclaté de rire s’il s’était trouvé à son manoir, il se contenta d’un sourire méchant et d’un regard froid. « Abruti », lui ? Fou oui, limite bordeline pourquoi pas, mais abruti ? C’était une blague, vraiment. Et il l’aurait tué après avoir rit, mais les lieux l’empêchait de faire quoi que ce soit, alors il resta debout sans bouger, près à recevoir ses autres paroles. Elle lui lança donc son monologue à la figure.

- La finesse, c'est toujours ton fort, petit vicomte. Tu m'énerves, mais à un point tel... Tu ne sais qu'être méchant et moqueur, et après tu t'étonnes d'avoir une espérance de vie aussi courte. Tu veux que je te dise ? Je pense que tu n'es qu'un gamin perdu qui a besoin d'être corrigé. Je suis pas ta mère, et c'est tant mieux. Alors tes remarques sur mon état de conservation, tu peux les garder pour toi. J'en ai rien à foutre que tu le penses ou non, de toute façon, je sais que ce n'est pas vrai, et c'est vraiment pas ce que je recherche dans la vie. Fourre-toi ça dans le crâne, et dis-toi que cette fois, si tu manigances quelque chose et que je le découvre, je te dénonce, et je m'en fiche des conséquences pour moi-même.

Non elle n’était pas sa mère, il s’était assuré de ne plus avoir de mère. Une mère morte, glacée, un cadavre au fond d’un tombeau qui ne viendrait pas le hanter. Et non il ne s’étonnait pas de sa courte espérance de vie, il espérait presque au contraire qu’on y mette bientôt un terme. Comme avant, comme toujours, jamais il n’avait voulu vivre aussi longtemps, et jamais il ne voulait devenir un vieil homme, voir sur lui les traits de son frère (ou pire de son père).
Mais ce sur quoi il répondit en premier fut sa menace :

- Trouve et dénonce moi, je n’ai pas peur. Car tu ne trouveras pas. Car même si tu trouves, il y a ici des personnes qui seront ravis de me protéger.

Il souriait en montrant ses dents, comme un chien enragé qui montre les crocs avant de vous sauter dessus avant de vous égorger, menaçant, méchant.

- Trouve, vas-y, et affronte un mur. Montre-moi comment tu peux me dénoncer et comprendre que ma défense est infaillible. J’ai envie de voir si ta justice est plus forte que la mienne.

Il pouvait se permettre d’être aussi sûr de lui, il était impossible qu’il perde. Il avait trop l’habitude de jouer, il était un maître du calcul et de la manipulation. Unity n’était qu’une poussière dans l’engrenage, mais elle ne le détruirait pas.

- Je joue avec ma vie, mais sache que ça ne me fais pas peur, c’est justement ça qui est bon. Peu importe que je meurs, tant que je ne meurs pas d’ennuie.

Oui, il mettait sa vie en danger, mais il préférait ça plutôt qu’assister de loin à tout le mal qu’il faisait, ne pas faire partit de l’action, ne pas risquer tout pour détruire la vie des autres ne l’intéressait pas. Il connaissait des tas de gens qui se lavaient les mains de leurs actes en les faisant faire pas d’autres, qui se sentaient invincibles et qui rêvaient d’éternité. Neill rêvait de mort, que ce soit pour sa proie ou pour lui-même, et fonçait la tête la première dans ses propres tortures. Oh, bien sûr, il avait toujours « un responsable » pour couvrir ses arrières, il était sûrement fou, mais pas un imbécile.

- Allez Unity, montre moi l’étendu de ton talent. Donne une bonne leçon à cet abruti de gamin, maman.

Il appuya son dernier mot avec le pire sourire qui soit, sadique et méchant à souhait, mais surtout plus que moqueur, il se fichait qu’on le voit, il pourrait toujours inventer un bobard quelconque. Cet échange s’était passé alors qu’ils étaient proches l’un de l’autre, et il était certain que même s’ils parlaient à voix basse les autres pouvaient ressentir la tension qu’il y avait entre eux deux.
Neill coupa cette tension, reculant d’un pas, il retrouva ses manières nobles, son visage de gentilhomme, un regard presque doux pour un fou pareil – paradoxale avec la situation qui venait d’avoir lieu- et un sourire quelconque. Il passa une main dans ses cheveux comme si l’orage de la discussion l’avait décoiffé, et calmement lança à voix plus haute :

- Alors quand part-il en Ecosse, que je vienne lui souhaiter un bon départ ?
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 0:11

Elle ne savait pas trop ce qui l'avait pris, elle n'avait pas réfléchi ; c'était sorti tout seul. Mais à peine eut-elle fini sa petite tirade qu'elle la regretta amèrement. C'était, au fond, une preuve de faiblesse. Unity avait perdu sa confiance en elle, et ne l'avait retrouvé que récemment. Elle était encore fragile. Son bonheur avait certes été intense, mais aussi très instable. Pour preuve : la simple vue du vicomte l'avait mise dans une humeur terrible. La femme avait peur qu'il voit cela comme un indice de sa fragilité. Elle était un peu comme une coquille : vide, cassable. Remplaçable. Unity savait très bien qu'à ce petit jeu de domination, cette fois, elle aurait encore plus de mal à l'emporter. Neill était un adversaire redoutable, qui savait manipuler les gens aussi naturellement qu'il respirait. De plus, il avait l'air d'être pleinement épanoui, donc en possession de tous ses moyens. Ce n'était pas le cas d'Unity. Pourquoi s'être aussi stupidement engagée dans ce jeu, où elle n'avait rien pour gagner face à un homme aussi terrible ? « Trouve et dénonce moi, je n’ai pas peur. Car tu ne trouveras pas. Car même si tu trouves, il y a ici des personnes qui seront ravis de me protéger. » Unity se retint de soupirer. Bien sûr qu'il n'avait pas peur. On ne devenait pas comme lui par le simple hasard. Le secret de sa pérennité, c'était justement qu'il était intouchable. Mais même. Toute personne a une faille, il suffit de trouver laquelle. Unity était patiente. Si vraiment il se mettait de nouveau en travers de son chemin, elle n'aurait problème à chercher, même si cela devait lui prendre des années de sa vie, et la conduire à la mort. Mais, encore eut-il fallu qu'elle en ait réellement envie. Tant qu'il ne l'embêtait pas, tout ce qu'il lui disait ne lui servait à rien. « Trouve, vas-y, et affronte un mur. Montre-moi comment tu peux me dénoncer et comprendre que ma défense est infaillible. J’ai envie de voir si ta justice est plus forte que la mienne. » Mais c'est qu'il parlait bien, le petit Neill. Décidément, il s'améliorait, ou c'était peut-être elle qui faiblissait. Elle savait très bien que la justice version vicomte était plus forte, parce qu'elle était cruelle. C'est à vous rappeler la logique pascalienne : ce qui est juste ne pouvant être fort, au final c'est ce qui est fort qui se dit être juste. C'était exactement ce qui se produirait si les deux conceptions s'affrontaient. C'était d'autant plus déprimant pour Unity qu'elle représenterait la conception perdante. C'était bien ce qui la motivait à ne pas rentrer dans le jeu tout de suite, mais à le faire en cas de véritable nécessité. Neill était bien un mur, mais elle n'avait rien d'un bulldozer - en plus, ça n'existait pas à l'époque. « Je joue avec ma vie, mais sache que ça ne me fais pas peur, c’est justement ça qui est bon. Peu importe que je meurs, tant que je ne meurs pas d’ennuie. » Unity ne put s'empêcher de faire un rapprochement avec sa propre manière d'envisager sa vie. Ce même refus de porter son existence au statut de bien le plus précieux, l'indifférence commune face à la mort, tout cela ressemblait trop à ce qu'elle pensait elle-même. Même la thématique de l'ennui - de plus en plus, Unity l'embrassait, puisqu'elle sentait qu'elle avait déjà commencé à brûler la vie par les deux bouts. Progressivement, elle se consumait ; lors, ne l'intéressait plus que la recherche d'un bonheur amusé. C'était tellement horrible de se trouver des points de comparaison avec une personne que l'on n'affectionnait pas...
« Allez Unity, montre moi l’étendu de ton talent. Donne une bonne leçon à cet abruti de gamin, maman. » Et bam. Le coup de poing dans le ventre, le poignard en plein cœur. Unity vacilla légèrement. De tout ce que Neill avait pu lui dire, jamais elle n'avait eu aussi mal. Ces mots sournois lui rentraient en plein cœur. Son regard se voilà légèrement. C'était bête ; il lui avait pourtant dit des choses bien pires. Mais qu'il l'appelât maman avec un ton aussi ironique, aussi irrespectueux... quelque chose se remuait et se brisait en elle. Elle avait l'âge d'être mère. Largement. Et pour l'instant, elle n'avait rien fait de sa vie. Même son altruisme de détective ne cachait pas son égoïsme de célibataire. Neill s'éloigna alors d'elle, tout satisfait de lui, reprenant une figure plus avenante et moins moqueuse destinée à son public. Qu'il avait l'air glorieux, cet acteur talentueux qui plait tant aux autres. Unity restait immobile, un peu en retrait, comme repliée sur elle-même. Elle n'avait qu'une envie: tuer le vicomte, ou alors se barrer d'ici, n'y plus jamais revenir et oublier tout du vicomte Owen. « Alors quand part-il en Ecosse, que je vienne lui souhaiter un bon départ ? » Unity releva ses yeux ardents, et le toisa avec froideur. Elle affectait une grandeur blessée, souffrante. C'était magnifique à voir, au fond, car cela lui donnait un air très agréable à regarder, comme si son visage avait été façonné pour accueillir des expressions aussi lamentables. Elle se refusa, en tout cas, à paraître civile et ravie de le voir. Tant pis si elle lui donnait mauvaise réputation - elle, elle n'était qu'une simple Londonienne que ces messieurs voyaient une fois tous les trois mois au maximum, cela n'avait aucune importance. « Escomptez-vous que je vous le dise ? Vous n'avez qu'à le lui demander. » Sa voix sèche masquait la douleur qu'elle gardait en elle. Elle préférait paraître rude et impolie, plutôt que de conserver ce registre poli qu'elle avait d'abord emprunté. « Vraiment, Owen, votre manque de galanterie est déplorable. Vous donnez un piètre exemple de la gente masculine, et je m'étonne qu'on vous apprécie tant dans les salons. » Unity était comme un animal blessé, elle se défendait comme elle le pouvait. Elle n'escomptait pas faire du tort à Neill, ou même le vexer. Juste conserver les apparences, et ne pas lui accorder la victoire facilement. « Et puis d'abord, comment se fait-il que vous n'ayez pas daigné me rendre visite pendant tout ce temps ? Vous savez où j'habite, vous savez que vous êtes le bienvenu. » Enfin, bienvenu, il ne fallait pas exagérer non plus. Neill était tout sauf le bienvenu, cependant, il s'agissait d'une question pour la forme. « Il me semblait pourtant, ajouta-t-elle sans malice, que vous aviez du mal à vous retenir de me rendre visite autrefois. Je ne me trompe pas. Que vous est-il donc passé par la tête ? »
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 0:57

Neill l’avait vu. Le pouvoir de ses mots sur Unity. Cela avait eut son petit effet, et intérieurement il s’en félicitait. Bravo monsieur le vicomte, votre méchanceté a touché sa cible, vous remportez mille points. Ses veines pourrissaient de haine et de sadisme, son cœur était empoisonné de méchanceté, son cerveau de folie (et malheureusement aussi de génie), tout son être était relié à l’enfer (si enfer il y avait) et il se délectait bien trop facilement de tout le mal qu’il faisait. Et surtout : du mal qu’il lui faisait.
Il avait retrouvé le pouvoir, il avait perdu sa dépendance, il était guéri, et ça c’était bon à savoir. Unity ou une autre, quelle importance ? Cette femme n’était après tout qu’une femme justement, comme les autres. Il pouvait la blesser, la briser, la détruire, que ce soit avec une arme ou des mots. Elle était tombée de son foutu piédestal où les erreurs de jeunesse de Neill l’avait placé, et il commençait à se demander comment il avait bien pu l’y mettre, qu’est ce qu’il avait trouvé d’intéressant chez elle, qu’est ce qui s’était passé dans sa tête pour la considérer –non comme son égal- mais au moins comme une personne.

- Escomptez-vous que je vous le dise ? Vous n'avez qu'à le lui demander.
- N’est ce pas ce que je fais ?


Peu importait que quelqu’un comprenne la vérité caché derrière sa remarque, mais il était certain d’avoir à faire à une bande de crétins incapables qui n’avait jamais compris que Seth était une femme, cette même femme qui était là devant eux.
Seulement, Unity non plus n’était pas en reste de vérité caché :

- Vraiment, Owen, votre manque de galanterie est déplorable. Vous donnez un piètre exemple de la gente masculine, et je m'étonne qu'on vous apprécie tant dans les salons.

Il se serait étouffé de colère s’il n’avait pas senti certains regards sur lui. Des regards interrogateurs. Comment le merveilleux vicomte avait manqué de galanterie auprès d’une dame ? Mais que se passait-il ?
A la place il se contrôla au maximum, serra les dents et préféra rester silencieux afin de ne pas la menacer devant tout le monde.
Ce n’était pas tant que cela le vexait, juste qu’il n’aimait pas qu’on mette à jour ses défauts. Car Neill était galant, vraiment, il avait bouffé le guide du bon petit garçon galant (et adulte), il l’était même parfois avec ses victimes uniquement par habitude, pourtant cela ne représentait que des mots et des gestes appris par cœur. A l’intérieur il bousculait le monde, l’insultait et s’en moquait. A l’intérieur il tuait Unity.

- Et puis d'abord, comment se fait-il que vous n'ayez pas daigné me rendre visite pendant tout ce temps ? Vous savez où j'habite, vous savez que vous êtes le bienvenu.

Il eut un hoquet de surprise. Le bienvenu lui ? Jamais. Sauf peut-être s’il se blessait à mort et que dans un élan bizarre elle le soignait, comme elle l’avait fait une fois. Mais sûrement pas deux. Sûrement pas.
Et même s’il l’avait été, il ne lui aurait pas rendu visite, il se serait attaché lui-même à ses propres instruments de torture pour ne pas y aller.

- Il me semblait que vous aviez du mal à vous retenir de me rendre visite autrefois. Je ne me trompe pas. Que vous est-il donc passé par la tête ?

Et voilà, votre adversaire a touché lui aussi sa cible, bravo mille point. Unity versus Neill, égalité du combat. Il avait du mal. Non c’était pire que ça, il se sentait incapable de ne pas aller la voir. C’est comme si tout son crétin de corps la réclamait quand son esprit essayait de lui dire qu’il ne devait pas. Et encore, pas tout son esprit. Y avait une partit complètement cinglé qui adorait se retrouver en présence de cette femme, et combien de temps avait-il mis à ne plus y penser ?
Une semaine ? Un mois ? Un an ? Il avait vécu pendant une période tellement à côté de la plaque et à côté de sa vie que les jours s’étaient transformés en sorte de brouillard. Sa sœur menait ses affaires, pendant qu’il faisait n’importe quoi.
Mais aujourd’hui ce n’était plus pareil, aujourd’hui elle ne représentait plus rien pour lui et elle pouvait bien partir en Ecosse où se faire écraser par un cheval dans le coin de la rue, cela lui était parfaitement égal (ou presque).

- Vous ne vouliez pas de ma visite, pas plus que je ne voulais vous visiter. J’avais… D’autres affaires… Ailleurs. Pardonnez mon manque de galanterie, mais je suis parfois un homme tellement occupé que j’en oublie mes anciennes connaissances.

Du moins avait-il tout fait pour l’oublier, et avait réussi jusqu’à aujourd’hui.

- Vous m’étiez sortis de la tête voyez-vous.

A son plus grand soulagement et bonheur.

- Mais je serais ravi de me retrouver en tête à tête avec vous afin de vous montrer combien je regrette mes mauvaises manières.

Il ne lui fallait qu’une minute pour l’achever. Un peu plus s’il désirait la faire mourir lentement. Se débarrasser d’elle pour toujours, ne prendre aucun risque. Oui, peut-être que ce serait drôle de la voir se détruire en cherchant à le détruire lui, mais s’il y prenait trop goût, s’il trouvait ça trop amusant, s’il recommençait à la voir comme une personne alors… Il retomberait dans cet horrible état d’il y a trois ans, celui qu’il avait eut tant de mal à quitter. Il valait mieux en finir. Qu’elle parte en Ecosse le plus vite possible, ou qu’il l’assassine.

- Et si je vous ai paru grossier, alors je vous présente mes plus profondes excuses. J’espère que cela ne brisera pas notre relation.

Oh si, bien sûr que si, briser leur relation et qu’il n’y ait plus aucune relation d’ailleurs.

- D’ailleurs pour me faire pardonner je vous rendrai visite le plus rapidement possible.

Et il ponctua cet affirmation d’un regard meurtrier, menace dissimulée et ne concernant qu’Unity, que seule elle pourrait voir et comprendre. Tous ces policiers se contenteraient de louer Neill et ses manières, quel homme bien élevé, quel homme aimable, quel homme gentil, droit et loyal, cette femme ne pourra pas lui résister.
Et qu’elle lui résiste ou pas peu importe, parce qu’elle était en danger dans les deux cas.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 11:58

Unity ne se rendit absolument pas compte que sa question avait touché en plein cœur. Elle n'en avait, au fond, que peu à faire ; le jeu ne lui semblait plus aussi attrayant, à présent qu'il recommençait comme avant. Elle voulait juste partir, quitte à perdre pour le coup, et oublier cet abominable vicomte. Il était assez paradoxal que, dans la période la plus difficile de sa vie, Neill eût été complètement absent. Elle avait toujours pensé qu'il causerait le plus dur de tous ces problèmes ; et c'était finalement l'amour qui l'avait achevé. Au moins, cela lui avait endurci le cœur. Mais c'était bien la seule chose qui en sortait renforcée : confiance en elle, joie, envie de faire le bien autour d'elle, tout cela avait été sévèrement malmené et était à peine en train de se reconstruire. Il fallait du temps, pour cela. Et finalement, peut-être que Neill marquerait l'apogée de son mal. Son retour enfoncerait le clou, Unity tomberait au fond du gouffre, et on n'en parlerait plus. Cependant, la femme refusait de céder à la facilité. Alors même qu'elle sombrait, elle trouvait encore une dernière force, une dernière volonté qui la muait. La défaite serait aussi difficile à obtenir que la victoire, dans son état. « Vous ne vouliez pas de ma visite, pas plus que je ne voulais vous visiter. J’avais… D’autres affaires… Ailleurs. Pardonnez mon manque de galanterie, mais je suis parfois un homme tellement occupé que j’en oublie mes anciennes connaissances. Vous m’étiez sortis de la tête voyez-vous. » Unity s'étonna à peine de constater qu'il l'avait oubliée. Au fond, ce n'était pas plus mal, et elle se demandait ce qui l'avait motivée à aller le voir, alors qu'à tous les coups, il ne l'avait pas reconnue et ne serait jamais venue la voir. Quelle bêtise, décidément. Unity se retint toutefois de se morigéner trop longtemps. Elle gardait en apparence son aspect fragile et blessé, mais intérieurement, elle commençait à aller mieux. Si elle lui était sortie de la tête une fois, il n'était pas trop tard. Cette rencontre serait une unique exception ; ensuite, elle pourrait l'oublier, et si d'aventure ils se voyaient encore, elle n'aurait qu'à l'éviter, et savait qu'il en ferait autant. Oui, c'était réellement l'idéal. Mais pour la forme, elle devait avoir l'air de s'en plaindre. « C'est fort sympathique, ce que vous me dîtes. » : répondit-elle d'un ton grave. Elle s'en fichait, elle, cela la satisfaisait. Mais il fallait penser aux autres. Si quelqu'un vous dit qu'il ne pensait plus à vous, normalement, cela vous fâche. La détective n'étant pas du tout en colère - ce qui était assez paradoxal comme situation -, elle devait donc jouer la comédie.
« Mais je serais ravi de me retrouver en tête à tête avec vous afin de vous montrer combien je regrette mes mauvaises manières. » Unity ne l'entendit pas du tout comme "je vous montrerais à quel point j'en suis désolé". Non, pour elle, c'était tellement évident que ce n'était pas le vrai sens de ses propos. Elle comprenait plutôt qu'il regrettait de devoir en rester aux bonnes manières, maintenant. Se retrouver en tête à tête avec lui, comprit-elle, serait beaucoup plus dangereux que les fois précédentes. Raison de plus pour ne plus jamais le revoir. Bah, elle serait prête. Il ne fallait pas la sous-estimer, elle non plus. Mais peut-être fallait-il continuer de paraître faible, et détruite par ses paroles ? Quel goût amer cela aurait, surtout en sortant du commissariat. Mais si cela lui donnait une petite longueur d'avance et permettait d'assumer ses arrières... hé bien, elle pouvait tout sacrifier, même sa fierté. Se faire maltraiter par quelqu'un n'était pas si dérangeant, sauf si quelqu'un s'appelait Neill Owen. « Et si je vous ai paru grossier, alors je vous présente mes plus profondes excuses. J’espère que cela ne brisera pas notre relation. » Unity hésita un instant entre faire semblant d'exprimer de la gratitude, ou souligner son mépris. Ses excuses n'avaient aucune valeur, il n'était pas vraisemblable qu'elle ne s'en rendît pas compte. Cela signifiait donc : deuxième option. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux brillants gardèrent de leur expression tragique, elle releva à peine la tête. « Il n'y a rien qui puisse se briser dans notre relation, je le crains. » Pour toute personne extérieure, à comprendre comme l'expression d'une relation si forte que rien ne pouvait l'entamer. Ce sens faisait profondément rire Unity, qui n'osait pourtant le montrer ; cela aurait été inconvenant. « Présenter vos excuses ne résoudra jamais la situation, ajouta-t-elle d'une voix qui se voulait légèrement tremblante. Vous devriez plutôt cesser de blesser les gens. Mais, je les accepte. » Elle n'acceptait en réalité rien du tout, c'était à peine si elle avait envie de dire une telle sottise. On n'accepte jamais des excuses qui ne sont pas réellement présentées. Au fond, elle était tout aussi hypocrite que lui sur ce point-là.
« D’ailleurs pour me faire pardonner je vous rendrai visite le plus rapidement possible. » Sans doute la voulait-il décontenancée. Mais la parole en elle-même ne fit pas grand-chose à Unity, qui savait pertinemment qu'au fond, il n'avait pas envie de la voir, lui non plus. Non, ce qui était plus effrayant, c'était le regard incroyablement mauvais qu'il lui lança. On aurait dit qu'il allait la tuer dans les minutes qui suivraient. Même si cela ne l'impressionnait pas complètement, Unity sentit son sang se glacer. Il la menaçait, c'était évident. Mais de quoi au juste ? Et que voulait-il en retour ? Cet imbécile ne se rendait pas du tout compte que le manque de clarté de son message - du moins, pour une personne comme Unity - le rendait beaucoup moins percutant. Elle eut envie de sourire, de lui rire au nez. Mais elle ne pouvait pas. Elle devait jouer son rôle. La Londonienne cilla, eut un mouvement de recul qui se voulait involontaire. Puis elle fit celle qui essayait de reprendre sa contenance, se força à garder un visage neutre et répondit : « Mais venez, cher ami, vous savez bien que je n'empoisonnerai pas votre thé. » Même si elle en avait une furieuse envie. Même si c'était tout ce qu'il méritait. Il avait bien de la chance de l'avoir rencontré en tant que détective. Autrefois, elle n'aurait pas eu tant de scrupules, et elle aurait déjà essayé de le tuer - il n'était pas sûr qu'elle y aurait réussi, mais c'était une autre histoire. Sa voix toujours vacillante, elle reprit : « Je vous attendrai, Owen. Et pas de faux-bond cette fois, sinon c'est moi qui viendrai sonner à votre porte. Vous ne voudriez pas passer pour un lâche, n'est-ce-pas ? » Elle se rendit compte par la suite de la sottise qu'elle venait à son tour de sortir. Elle, venir chez lui et l'inciter à lui rendre visite ? Elle était complètement malade... Qu'est-ce que la fierté, et l'envie de titiller le faible honneur de Neill, pouvaient se révéler destructrices ! Voilà qu'elle s'était à nouveau engagée dans un jeu dangereux et inutile, quelque chose qui allait profondément l'ennuyer. Tout ça, parce qu'elle avait encore trop d'orgueil pour laisser la victoire à Neill. Incapable de jouer son rôle correctement, elle se serait maudite...
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 13:29

Unity acceptait ses excuses, de ce qu'elle en disait. Neill aurait voulu pouvoir rire à gorge déployée, et il se serait sûrement étouffé lui-même dans son propre fou rire, mais les convenances lui empêchaient un tel geste et il prit sur lui, gardant un visage placide. Non, elle acceptait ses excuses mais lui demandait de ne plus blesser les gens. C’était comme demander à un chat d’arrêter de miauler, demander à un noble de se rouler dans la fange, supplier un légume de se transformer en carrosse. Ne plus blesser les gens pour Neill était aussi improbable qu’ordonner à la pluie et au vent. Ou alors il aurait fallu le tuer, mettre un terme à sa vie, et même comme cela il réussirait à blesser quelqu’un, puisque sa sœur ne se remettrait jamais de son décès.
Y avait-il une once de vérité dans cette rencontre, dans leur parole, se lançant des moqueries ou des piques chacun leur tour, à celui qui sera le plus fort (et c’était Neill qui était le plus fort), il aurait mieux valu qu’il parte sans qu’elle ne le voit, il aurait mieux valu qu’elle ne soit jamais venue ici en même temps que lui, il aurait mieux valu qu’ils se croisent sans se voir. Il n’avait rien à faire l’un avec l’autre, et si leur route s’était un jour rencontré, si Neill avait pu trouver ça bien et amusant, aujourd’hui il avait juste mal au crâne en y repensant (sans doute pour toutes les fois où il s’était cogner le crane contre les murs pour la faire sortir de sa tête).
Alors oui, il y avait de quoi rire, pas de bon cœur, mais avec amertume, avec ce goût de sang dans la bouche.

Puis Unity accepta de l’inviter. Allez savoir lequel des deux étaient le plus cinglé. Le faire venir chez elle c’était comme se suicider. Et l’idée qu’elle pu empoisonner son thé le fit sourire. Elle n’aurait sans doute même pas le temps de lui proposer quoi que ce soit à boire. Voyons voir, même si elle se défendait, il ne lui faudrait pas longtemps pour lui trancher la carotide, même si c’était plutôt salissant. Il pourrait toujours l’assommer et la pendre, faire passer ça pour un suicide, mais ce n’était pas amusant. Il lui tirait dessus mais c’était trop bruyant. Ou alors il la poignardait au cœur tout simplement. Peu importe la manière, elle n’aurait pas le temps de l’empoisonner, c’était certain.

- Je vous attendrai, Owen. Et pas de faux-bond cette fois, sinon c'est moi qui viendrai sonner à votre porte. Vous ne voudriez pas passer pour un lâche, n'est-ce-pas ?

Qu’elle vienne ou qu’il y aille, la finalité serait la même.

- Ne vous inquiétez pas, je viendrai. Vous savez bien que je suis loin d’être lâche.

Pour le monde extérieur c’était une femme qui invitait un noble chez elle, c’était une offre d’amitié, c’était deux gens biens élevés qui s’appréciaient et étaient ravis de se voir à nouveau, de s’inviter l’un chez l’autre, et d’aller boire le thé ensemble (sans le rendre empoisonné). Pour Neill c’était l’occasion de se débarrasser de sa seule faiblesse, de mettre fin à cette ridicule relation. Peu importe maintenant que Seth parte en écosse et emmène cette femme avec lui, parce que le détective n’arriverait sûrement jamais à attendre ce pays, il mourrait avant, elle mourrait avec lui.
Et Neill reprendrait tranquillement ses petites activités interdites, s’amuserait jusqu’à plus soif, s’amuserait jusqu’à ce que mort s’en suive.

- Je viendrai et je suis sûr que nous passerons un bon moment.

Il devina les sourires qui s’affichèrent aux oreilles indiscrètes qui écoutaient leur conversation, ceux qui prenaient ces paroles dans le mauvais sens et qui s’imaginaient tout à fait autre chose. Ceux qui se disaient qu’après tout les nobles – célibataire- pouvaient bien faire ce qu’ils désiraient, et que Neill était de toute manière « un bon parti ». Et s’il y avait eut des femmes dans l’assemblés, elles auraient été jalouse de ne pas être à cette place, de ne pas « inviter le vicomte » chez elle plutôt que chez une autre.
Mais pour Owen le bon moment n’était pour lui, que celui qui consistait à mettre un terme à la vie d’Unity, à se débarrasser d’elle.

- Croyez moi vous ne regretterez pas de m’avoir ouvert votre porte.


Elle n’aurait pas le temps pour cela. Pour regretter quoi que ce soit il aurait fallu qu’elle vive assez longtemps. Et à force de penser à la manière de la tuer, Neill n’en pouvait plus de rester là debout à quelques centimètres d’elle sans avoir le droit d’y mettre fin.

- Mais maintenant, mes affaires m’attendent, peut-être devrions-nous sortir d’ici.

Au moins en ville, il n’aurait plus les regards de policier sur lui. Les gens dans la rue étaient pour la plupart des inconnus et il pourrait arrêter de garder cette placidité, il pourrait agir un peu plus normalement (même si bien sûr il ne pourrait pas montrer son véritable visage, mais au moins pourraient-ils parler sans que les gens écoutent tout ce qu’ils racontent).

- A moins que vous ayez encore à faire ici. Moi je sors.


Et Neill détourna le regard, passa à côté d’elle en silence et commença à s’en aller sans se préoccuper de si elle le suivait ou non.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 15:17

Tout cela était proprement stupide, ridicule. Quelle idée d'en arriver à une histoire aussi sordide. L'inviter, ou se faire inviter, dans les deux cas, cela devenait tellement improbable qu'Unity ne savait même plus comment ils avaient fait pour se rendre visite chacun, l'un l'autre, sans éprouver cette tension qui montait entre eux. Les policiers ne s'en souciaient guère, et pourtant, s'ils refusaient de voir ce que leurs yeux semblaient leur dire, ils verraient beaucoup de choses. Ils s'apercevraient que ces deux-là, au lieu de s'échanger des civilités galantes, s'envoyaient piques sur piques et pensaient chacun que la mort de l'autre serait délectable. Ils se rendraient compte que l'homme qu'ils prenaient pour un saint était en réalité le pire des enfoirés, un sadique qui se servaient d'eux pour assouvir ses besoins de destruction. Oui, tout cela était accessible à celui qui savait regarder. Mais cette société dans laquelle ils étaient évolués était coincée par les conventions et les usages ; on pouvait bien être différent de l'image qu'on donnait de soi, du moment qu'on respectait les règles cela ne posait aucun problème. Si l'un d'entre eux comprenait le sens caché des paroles du vicomte, il penserait se fourvoyer, refuserait de voir la vérité en face. Unity savait très bien que le cœur des employés du commissariat était gagné à la cause de Neill, et qu'on ne pouvait les en arracher si aisément. Tant qu'elle-même paraissait être en bons termes avec lui, elle jouissait d'une image très positive. Il n'était pas sûr que, si elle se mettait à l'accuser, on daignât bien l'écouter. Neill était bien trop puissant ; et si tout cela ne l'ennuyait pas, elle s'y serait volontiers plongée. A la tentative de meurtre, elle en trouverait la motivation. « Ne vous inquiétez pas, je viendrai. Vous savez bien que je suis loin d’être lâche. » Hélas, elle le savait. Il pouvait être lâche sur certains points, mais elle se rappelait bien qu'autrefois, c'était un grand séducteur machiavélique. Se rendre chez les autres, quel problème cela pouvait-il poser ? Unity se sentit à la fois ravie de le voir marcher, et horrifiée de constater qu'elle l'incitait à la rencontrer de nouveau. Pauvre folle. « Je viendrai et je suis sûr que nous passerons un bon moment. Croyez moi vous ne regretterez pas de m’avoir ouvert votre porte. » La détective rosit légèrement en devinant le sous-entendu que les autres y entendaient. Mais non, elle n'avait certainement pas l'intention de sortir avec lui ! Neill n'était pas du tout en train de lui faire des avances, sinon, il aurait déjà eu sa claque. Unity détestait cela. Elle savait bien qu'avec son charisme, il passait encore pour une sorte de Don Juan, et elle, par extension... pour sa proie. L'horreur, somme toute. De plus, elle sortait d'une grosse déprime amoureuse ; jouer à ce petit jeu-là ne l'amusait pas du tout. Elle avait encore de l'estime pour Ryan, et préférait qu'il ne sût pas une rumeur aussi sordide.
« Mais maintenant, mes affaires m’attendent, peut-être devrions-nous sortir d’ici. A moins que vous ayez encore à faire ici. Moi je sors. » Il avait bien dit "nous" ? l'incluant par là dans la proposition ? Unity avait en effet très envie de sortir, histoire de s'en aller loin, très loin de lui. Cependant, la délivrance n'était pas pour tout de suite. Il fallait bien qu'elle sorte avec lui, vu qu'elle n'avait rien à faire de plus au commissariat. Il aurait été impoli de répondre négativement à son invite, aussi annonça-t-elle : « Je vous accompagne. » En saluant la compagnie de la main, un grand sourire factice sur les lèvres, elle emboîta le pas au vicomte, qui ne paraissait pas se soucier d'elle. Elle était sûre, cependant, qu'il faisait attention à tous ses faits et gestes. Elle espérait seulement que son initiative ne le remplissait pas de joie. Dehors, c'était un monde sauvage et cruel. Certes, il y aurait foule, donc elle serait relativement en sécurité face aux intentions malsaines du vicomte. Toutefois, l'attention des autres y seraient beaucoup moins marquées, ce qui voulait dire que cela lui laissait plus de libertés. Et Unity n'était pas sûre d'avoir envie de le voir en pleine possession de ses moyens. Par chance, elle aussi serait plus libre. Cela augmenterait considérablement le champ de ses possibilités pour se défendre.
« Vraiment incorrigible, lâcha-t-elle en passant le seuil du commissariat. C'est presque si je m'offusquerais d'une telle attitude de ta part. » Mais elle ne lui parlait pas vraiment à lui. Ces paroles, qui semblaient s'adresser à Neill, la visaient avant tout, elle. Elle était incorrigible de vouloir à tout prix le faire taire et de se mettre dans des pétrins pareils. Réellement, c'était trop bête de sa part. La détective s'éloigna un peu ; le soleil l'aveuglant, elle porta une main gantée de noir à son front et protégea ses yeux d'ambre. Ce faisant, elle témoignait d'une grande distinction, empreinte d'un caractère hautain, qu'on ne lui connaissait pas trois ans auparavant. Le désespoir la rendait raffinée et sévère. « Tu retournes à tes affaires, alors ? Comme c'est touchant. Qui l'eût cru : le vilain Neill Owen, se battre pour me fuir. Tu es pitoyable, au fond. La vieillesse t'amollit déjà intérieurement ? » Il n'y avait pas la moindre trace de moquerie en elle ; non, elle était très sérieuse. Enfin, bien sûr, elle faisait en sorte de paraître assez fragile et blessée pour être brisée par une insulte bien sentie et délicate. Sa confiance était encore vacillante, aussi le jeu était-il assez facile à mettre en place. Il ne lui fallait pas un bien grand effort pour retourner à l'état dans lequel elle avait été plongée pendant si longtemps. Tout cela dans le but de tromper Neill, de lui faire croire qu'il pouvait réellement vaincre facilement. Cela lui laisserait le temps d'élaborer un plan, long et compliqué, histoire de le faire tomber. Il lui fallait juste beaucoup de temps, et c'était ce qu'elle s'apprêtait à gagner.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 16:39

Unity le suivit. Cela importait peu, Neill fut juste heureux de se retrouver à l’extérieur, respirant l’air de la rue. Passé la porte elle lança :

- Vraiment incorrigible. C'est presque si je m'offusquerais d'une telle attitude de ta part.

Il ne répondit rien et fit quelques pas pour s’éloigner du commissariat, mettant assez de distance entre lui et cet endroit puant de fausses justices et d’enquêteurs. Ne sentant plus le poids sur ses épaules de tous ces regards inquisiteurs, il se sentit à peine plus libre (il n’était jamais vraiment libre tant qu’il n’était pas caché par les murs de son manoir, ou bien par les ruelles sombres où ils commettaient quelques crimes).
Unity reprit la parole :

- Tu retournes à tes affaires, alors ? Comme c'est touchant.

Ceci n’avait été qu’une excuse pour s’éloigner, à vrai dire il avait la journée libre et pourrait prendre du bon temps à se faire servir par sa sœur en imaginant des plans machiavéliques pour ses prochains jeux, des plans de tortures pour ses prochaines victimes. Mais encore une fois il garda le silence et la laissa continuer. Et peut-être n’aurait-il pas dût, peut-être aurait-il dût la couper. Mais c’était trop tard, et ses paroles vinrent sonner à ses oreilles :

- Qui l'eût cru : le vilain Neill Owen, se battre pour me fuir. Tu es pitoyable, au fond. La vieillesse t'amollit déjà intérieurement ?

Son ego frappé ainsi, Neill sentit la colère monter en lui. Comme il n’était plus bridé par le lieu, il ne crut pas bon de se contenir, et puis depuis tout à l’heure que l’envie irrépressible de lui faire du mal cognait dans sa tête, ses gestes furent plus violent qu’ils n’auraient dût.
Le vicomte se tourna donc vers elle, s’approcha, et la domina –sinon par sa taille au moins par sa rage et sa haine. Il avança sa main et l’appuya sur le cou d’Unity, d’abord sans serrer, il la fixa d’un air meurtrier, puis son sourire sadique s’agrandit, il commença à appuyer.
Le vicomte se fichait qu’on le voit, il aurait toujours une excuse, toujours quelques choses à dire, et si on découvrait sa véritable nature et bien peu importe il n’aurait qu’à tuer les témoins. Il s’en fichait et de toute manière peu de personnes passaient dans la rue, et celles qui passaient ne s’occupait que d’elles-mêmes et pas de ce qui se passait autour.

- N’oublie pas à qui tu parles Unity. N’oublie surtout pas.

Il resserra l’emprise, prêt à briser son cou au moindre faux mouvement, à la moindre parole de travers.

- Je te l’ai dis, j’ai changé. Tu n’as plus aucun pouvoir sur moi maintenant. Je n’hésiterai pas à te tuer ici et tout de suite.

Et se passant la langue sur les lèvres il ajouta :

- Et je prendrais vraiment un grand plaisir à le faire.


Mais il relâcha son étreinte, laissant tout de même quelques secondes sa main sur son cou, la menaçant du regard, certain qu’il la tuerait facilement si jamais elle osait l’insulter à nouveau. Il finit par se reculer, et faisant comme si de rien n’était arrivé il reprit ses bonnes manières, ses gestes galants, et tout le reste.

- Sachez que la vieillesse ne m’a pas amollit, je suis au contraire très vigoureux. Comme vous venez d’en avoir la démonstration. Je suis vif et je suis fort.


Et détournant les yeux comme si quelque chose de très intéressant dans la rue avait attiré son attention – alors qu’il n’y avait là absolument rien d’important – il ajouta :

- Et je ne fuis pas, j’évite juste les choses ennuyantes. Mais ne vous inquiétez pas, je vous ai promis de venir vous voir, et je réglerai ce problème.

Il le réglerait à sa façon et ferait ça bien, une fois Unity éliminée il n’y aurait plus jamais de problèmes, plus de failles, plus d’ennuie. Il pourrait même l’achever ici même, mais cela mettrait en péril sa belle image et ce serait fortement ennuyant, c’est pour cela qu’il réussissait encore à se contrôler (ou presque).

- Enfin, vous êtes pitoyable vous-même, après tout n’est ce pas vous qui avez vieilli prématurément à cause de soucis ? N’était-ce pas ce que vous me racontiez ? Et puis décidez-vous une bonne fois pour toute : suis-je amolli par la vieillesse, ou ne suis-je qu’un gamin ?

Il se retourna enfin vers elle, uniquement pour lui rendre un air moqueur (plus qu’un regard plein de questionnements).
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 20:59

Unity avait peut-être - sans doute - été trop téméraire sur ce coup-là. Ce qu'elle avait dit, elle s'en rendait compte après quoi, avait de quoi énerver n'importe qui. Traiter quelqu'un de pitoyable et d'amoindri par la vieillesse était fort cruel, puisqu'il s'agissait de remettre en cause la valeur de cette personne. Bon, soit, pour Neill, c'était bien mérité. Par contre, il fallait faire attention au retour de bâton. Cela avait vraisemblablement mis Neill en colère, et Unity aurait pu en mourir pour le coup. Le vicomte s'était approché, et ses deux mains appuyaient doucement sur son cou. Puis la pression se fit plus forte. Pas assez pour l'étouffer, mais assez inconfortable. Unity n'osait plus bouger, se découvrant une soudaine attirance pour la vie. Mourir, c'est inévitable, mais autant que ce ne sont pas de la main de cet idiot. C'était très stupide, car dans le domaine physique, pour le moment, c'était lui qui la dominait. Plus grand, plus fort - quelle injustice. Et elle n'avait même pas pensé à prendre un couteau, même si elle adorait cela, pensant que ce serait inconvenant sur le personnage d'Unity. Le visage de Neill était fou ; Unity y lisait mille promesses de torture et sa mort imminente. Et cela, juste devant le commissariat ; les policiers étaient vraiment des incompétents. Quant aux passants, ils n'en avaient rien à faire, et cela la vexa. « N’oublie pas à qui tu parles Unity. N’oublie surtout pas. » Si elle n'était pas en train de se faire étrangler, Unity aurait sûrement répondu de façon assez sarcastique. Mais bon, se faire tuer par lui n'avait rien de réjouissant. Et comme il resserra sa prise en disant cela, elle comprit que c'était une menace. Elle détestait céder, mais ce n'était pas comme si elle avait vraiment le choix. De toute façon, jamais elle n'avait oublié à qui elle parlait. A un meurtrier en puissance. Elle avait juste oublié qu'il pouvait aussi la tuer - oubli pardonnable, somme toute. « Je te l’ai dis, j’ai changé. Tu n’as plus aucun pouvoir sur moi maintenant. Je n’hésiterai pas à te tuer ici et tout de suite. Et je prendrais vraiment un grand plaisir à le faire. » Bon, au moins, c'était dit. Qu'elle n'ait plus de pouvoirs sur lui ne la gênait pas ; ce n'était pas comme si elle avait cherché à l'obtenir. Elle n'avait toujours voulu qu'une chose : qu'il la laissât tranquille. Maintenant, il était vrai que c'était un peu embêtant pour sa sécurité, parce qu'elle le croyait quand il lui disait qu'il la tuerait facilement et avec plaisir.
La pression cessa ; la main de Neill s'attarda encore sur le cou d'Unity, comme une dernière menace. Elle se contenta d'un regard noir, sans oser dire un mot. Ses doigts la brûlaient. Jamais elle n'avait autant détesté le vicomte qu'à cet instant précis ; elle se demanda même comment elle avait pu développer de l'affection pour lui un jour. Sans doute le fait qu'il n'eût pas envie de la tuer jouait pour quelque chose. Il la lâcha afin ; Unity se recula légèrement et porta sa propre main à son cou, caressant délicatement la peau malmenée. Cette dernière devait être rouge. Neill ne semblait nullement perturbé - ce qui n'avait rien de surprenant -, et avait repris de sa superbe. « Sachez que la vieillesse ne m’a pas amollit, je suis au contraire très vigoureux. Comme vous venez d’en avoir la démonstration. Je suis vif et je suis fort. » Elle ne répondit pas. Pour une fois, elle était d'accord avec lui ; aussi n'allait-elle pas le crier bien haut. Elle laissa tomber sa main, le regarda d'un air à la fois outré, blessé et haineux. Celui-là, il ne perdait rien pour attendre. « Et je ne fuis pas, j’évite juste les choses ennuyantes. » Unity trouva assez amusant le fait que, alors qu'il lui sortait cela, il regardait ailleurs. Oui, bien sûr, absolument aucune fuite. Ce n'était que pur hasard s'il avait détourné le regard à cet instant précis... Elle songea à le lui dire, mais le temps qu'elle réfléchît, il avait déjà continué : « Mais ne vous inquiétez pas, je vous ai promis de venir vous voir, et je réglerai ce problème. » Elle eut subitement l'impression qu'il affirmait qu'il lui rendrait visite pour la tuer. Ridicule, n'est-ce-pas ? Et pourtant, ce n'était pas impossible. Il en avait été si proche, peut-être parce qu'il y songeait sérieusement. Le sang d'Unity se glaça. Elle allait devoir se méfier, prendre ses précautions. Ne jamais sortir sans armes, par exemple. Prévenir Ringalls que l'autre psychopathe était de retour et qu'il en avait après elle. Des choses comme cela.
« Enfin, vous êtes pitoyable vous-même, après tout n’est ce pas vous qui avez vieilli prématurément à cause de soucis ? N’était-ce pas ce que vous me racontiez ? Et puis décidez-vous une bonne fois pour toute : suis-je amolli par la vieillesse, ou ne suis-je qu’un gamin ? » Il s'était retourné vers elle, le regard moqueur. Il la regardait de nouveau, à présent qu'il maîtrisait la situation. Sauf que cette fois, Unity devait jouer autrement. Elle n'avait pas vraiment envie de se faire étrangler juste devant le commissariat ; elle regretterait que les policiers ne fussent pas venus la sauver, et mettre cet imbécile en prison. Bon, bon. Encore une fois, elle jouait avec ses émotions. Sartre n'a peut-être pas tort lorsqu'on dit que l'on n'est pas triste, mais que l'on se fait triste. Cela résumait très bien le jeu d'Unity : très lunatique, changeant d'émotion et de réaction en fonction de son interlocuteur et de son envie du moment. Une femme très instable émotionnellement, au final. « Vous êtes un vieux gamin, alors, je ne sais pas ? » Unity était devenue la neutralité même, ce qui était finalement son rempart lorsqu'elle se sentait réellement en danger. Elle ne laissait plus filtrer la moindre émotion, de peur de se trahir. « Certes, certes, je suis pitoyable Owen. Mais ce n'est pas grave, il ne s'agit que de moi. Ce n'est pas comme si ça me dérangeait vraiment de l'être, voyez-vous. Vous n'arriverez pas à me blesser si vous commencez à entrer dans ce registre. » Oh, ça non. Dire qu'elle était pitoyable, c'était si anodin et inoffensif... surtout de sa part à lui. Parfois, il manquait d'imagination, peut-être parce qu'il ne la comprenait pas. Un "je te quitte" faisait mille fois plus de ravages en elle que tout ce qu'il avait pu lui dire jusque là...
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 23 Déc - 23:07

- Vous êtes un vieux gamin, alors, je ne sais pas ?

C’était tellement… Comment dire… Décalé de la scène qui venait de se jouer, comme si toute la violence de Neill n’avait rien perturbé de la journée et qu’après tout on pouvait concilier vieux et gamin dans la même phrase. Ca paraissait – en tout cas pour le vicomte – tellement en dehors de la situation, comme quelqu’un qu’il dirait qu’il mangerait bien un poulet en réponse à une personne qui l’aurait menacé de mort, que Neill éclata de rire. Pas vraiment pour se moquer, juste parce qu’il avait trouvé ça amusant (ce qui en y réfléchissant bien était très très mauvais, puisque c’était sûrement une des premières raisons qui avait fait qu’il s’était « attaché » en quelque sorte à Unity la première fois). Il devenait donc encore plus urgent de se débarrasser d’elle, mais Owen était sans crainte, il le ferait cette fois-ci, quoi qu’il arrive. Et si jamais il avait un moment de faiblesse, il lui suffirait de se rappeler à quel point il avait souffert pour l’oublier. A tous les coups ça serait assez efficace pour l’aider à en finir une bonne fois pour toute.

- D’accord, alors peut-être que je suis un vieux gamin.

Il se montrait conciliant, mais uniquement parce qu’il trouvait ça marrant et qu’il était persuadé qu’il l’assassinerait bientôt, de toute façon. Aucun problème.

- Certes, certes, je suis pitoyable Owen. Mais ce n'est pas grave, il ne s'agit que de moi. Ce n'est pas comme si ça me dérangeait vraiment de l'être, voyez-vous. Vous n'arriverez pas à me blesser si vous commencez à entrer dans ce registre.

Avoir aussi peu d’égo, voilà qui était pitoyable. C’était comme si elle disait « allez-y marcher moi dessus, je m’en fiche, vous ne me toucherez pas ». Neill ne laisserait jamais personne le rabaisser, que ça le blesse ou non, il avait sa fierté et il y tenait. Même quand il allait rendre ses visites obligatoires à il ne savait quel duc, des gens qui étaient beaucoup plus haut que lui sur le rang social, même là il gardait la tête haute, même là il n’aurait pas permis qu’on le traite comme un moins que rien.
Il ne baisserait pas les yeux, jamais. Il ne les baissait déjà pas étant enfant devant son père ou son frère, alors ce n’est pas aujourd’hui qu’il laisserait quelqu’un l’insulter sans répliquer, ou qu’il agirait comme un inférieur alors qu’il était persuadé d’être bien supérieur aux autres. Tant par l’intelligence que par la ruse (ou bien la cruauté).

- Vous vous trompez Unity, je ne cherche pas à vous blesser.

C’était franc et tout à fait vrai. Il trouve drôle de briser les gens, mais cette fois-ci ce n’est pas ce qu’il désirait. Tout ce qu’il voulait c’est qu’elle sorte de sa vie. Et peut-être qu’elle avait raison dans un sens – même s’il ne l’aurait jamais admis – en voulant la tuer à ce point c’était sûrement une fuite. Il fuyait ce qu’elle risquait de semer en lui et dont il ne voulait pas.

- Cela m’est égal que vous souffriez ou non, que je le fasse sciemment ou pas. Ce n’est pas ce qui m’importe.

Il haussa les épaules :

- Même si vous me disiez que vous êtes d’accord pour que je joue avec vous, je n’en aurais aucunement envie. Je ne jouerai plus jamais avec vous, je ne vous considérai plus jamais ni comme une personne, ni comme un jouet. Pour moi vous n’êtes plus rien.

Puis la fixant d’un air des plus appuyés, pour être sûr qu’elle comprenne, il ajouta :

- Et je ferai tout pour que vous le restiez.

Même s’il devait anéantir la moitié de Londres (et perdre un bout de son terrain de jeu), même s’il devait brûler et mettre à feu à sang le pays tout entier (pourquoi pas après tout ?), et même si cela paraissait complètement exagéré pour une seule personne, il s’assurerait de ne plus jamais agir comme il l’avait fait.
Il se rappelait. Comme il était faible, comme il la laissait toucher ses cheveux – et il en redemandait en plus, quel dégoût – comme il agissait bêtement, rien que d’y songer il pouvait sentir ses cheveux se dresser sur sa tête. Quelle horreur, comment avait-il pu ? C’était comme s’il s’était trahis lui-même en acceptant de considérer une personne comme autre chose qu’un pion, qu’un divertissement, que quelque chose qu’il finirait par jeter quand il n’en voudrait plus.
Et ça n’arriverait plus. Jamais.

- Et aussi pitoyable que vous soyez, je vous conseillerais de profiter de la vie à partir de maintenant. Si vous y tenez un minimum, amusez-vous, faites des folies, faites n’importe quoi tant que cela vous rend heureuse. Faites le, avant qu’il ne soit trop tard et que vous ayez quelques regrets.

Ce n’était par pur bonté d’âme que Neill lui donnait ce conseil, c’était uniquement pour qu’elle comprenne qu’il ne comptait pas la laisser en vie trop longtemps. Qu’il était bien décidé à y mettre un terme si ce n’était aujourd’hui, au moins serait-ce cette semaine.

- Et puis il n’y a rien de plus ennuyant que quelqu’un qui se met à pleurer qu’il ne veut pas mourir parce qu’il se rend compte trop tard que la vie aurait pu être amusante.

Dans ces cas là, Neill achevait encore plus vite la personne, avec une joie et un plaisir non dissimulé. Il espérait presque qu’il y ait quelque chose après la mort pour que ces gens puissent voir à quel point il se délectait de les tuer.
Et quand même mort, il s’acharnait comme un dingue sur leur cadavre à coup de couteau, comment il les défigurait, les trouait, les transformait en bouilli, comment il usait de toute sa folie sur ces pauvres corps afin qu’il n’en reste rien que de la purée d’intestins et du sang. Enfin cela était une extrême (quand son cerveau buggait et qu’il se transformait en monstre), il lui arrivait d’agir bien plus noblement et de tout calculer.

- Mais cela dit, faites comme vous voulez, mais faites le vite.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbSam 24 Déc - 22:27

La dernière réplique d'Unity avait été terrible ; sans concessions, elle dévoilait le plus profond de sa pensée, et son mal-être intérieur n'était pas exprimé pour attendrir son interlocuteur. Celui-ci était trop engagé dans sa voie de folie meurtrière pour être encore touché par quelque chose. Peut-être ce qu'elle venait de faire était, en quelque sorte, un peu suicidaire. Surtout avec lui, elle s'étonnait qu'il ne lui riait pas au nez. Il n'y avait pas assez de foule pour qu'il se sentît bridé, et personne n'écoutait de toute façon. Mais peut-être trouvait-il qu'un tel aveu n'était même pas digne de son amusant. Il était vrai que c'était tout aussi pitoyable de dire ce qu'elle disait que de vivre la réalité de ses propos. Hélas pour Neill, il y avait une part de calcul dans tout cela. Sa fierté ne pouvait être entamée de dire des choses pareilles, même si c'était vrai. « Vous vous trompez Unity, je ne cherche pas à vous blesser. » Non, bien sûr, la blesser ce ne serait pas suffisant. Il préférait sans doute la torturer, chercher à la briser, et à la tuer. Et même s'il affirmait : « Cela m’est égal que vous souffriez ou non, que je le fasse sciemment ou pas. Ce n’est pas ce qui m’importe. » elle doutait que cela lui était effectivement égal. Neill Owen insensible à la souffrance d'autrui, ça n'existait pas ; c'était comme l'Angleterre sans sa reine... Mais tiens, n'était-elle pas partie ? Ah, donc si même ça était possible, peut-être qu'il disait vrai ? Le monde ne tournait décidément pas rond, si le vicomte n'avait même plus envie de faire souffrir... « Même si vous me disiez que vous êtes d’accord pour que je joue avec vous, je n’en aurais aucunement envie. » Ce qui tombait d'ailleurs très bien, car elle n'en avait aucune envie. Elle estimait avoir assez joué avec lui, ce qui avait été d'ailleurs fort ennuyeux. Et puis, il n'avait qu'à évoluer ; ses amusements étaient vraiment ceux d'un gamin. Neill était comme un enfant : il savait qu'il pouvait faire mal, mais tant que cela ne le touchait pas, ce n'était pas grave. Dans la vie, il voulait juste s'assumer ; les seules responsabilités qu'ils assumaient, il les inventait, et celles qui lui incombaient normalement, il s'arrangeait pour les passer à d'autres personnes. Bref, il n'y avait que lui qui comptait, et les autres, qui avaient dépassé ce stade, était devenu son terrain de jeu. Et avec cela, il osait prétendre qu'elle pût avoir envie de jouer avec lui ? Quelle idiotie ; c'était bien mal la connaître. Trois années s'étaient écoulées ; la misère et la souffrance l'avaient rendue plus mûre, plus calme. Fragile tout en s'endurcissant, tout dépendait des points. Elle était à la fois un équilibre et un chaos. « Je ne jouerai plus jamais avec vous, je ne vous considérai plus jamais ni comme une personne, ni comme un jouet. Pour moi vous n’êtes plus rien. » Mais c'était une excellente nouvelle, cela ! Elle n'aimait pas qu'on la vît comme un jouet, donc même s'il refusait de reconnaître sa valeur en tant qu'être humain, cela importait peu. Neill s'intéressait à des choses susceptibles de l'amuser ; si elle n'était plus rien, c'était une excellente nouvelle au fond.
La suite, toutefois, fut moins réjouissante. « Et je ferai tout pour que vous le restiez. Et aussi pitoyable que vous soyez, je vous conseillerais de profiter de la vie à partir de maintenant. Si vous y tenez un minimum, amusez-vous, faites des folies, faites n’importe quoi tant que cela vous rend heureuse. Faites le, avant qu’il ne soit trop tard et que vous ayez quelques regrets. » Unity interpréta cela très justement comme une promesse de mort. Son visage s'assombrit tout à coup ; la façade neutre vacilla, et laissa échapper une vague de colère et de déception. Quoi ? tout cela pour cela ? Il finissait par lui annoncer qu'elle allait mourir - première nouvelle, comme si c'était vraiment surprenant -, sous-entendant par là qu'il allait mettre fin à ses jours. Alors là, il pouvait toujours courir. C'était oublier qu'Unity avait commis son lot de meurtre et savait comment les "vilains" travaillaient. A moins qu'il ne lui envoyât la crème des assassins, elle ne risquait pas de mourir tout de suite. Bien sûr, il était redoutable, et il était vraisemblable qu'il soit extrêmement doué. Mais qu'importe ; elle aussi. S'il avait besoin de se rendre compte que la part sombre d'Unity n'était pas juste un motif d'amusement, quelque chose d'enfoui très profondément en elle, appartenant irrémédiablement au passé, et qui ne pouvait désormais s'attaquer qu'à elle-même, hé bien, elle pourrait lui montrer que c'était quelque chose d'intégrant en elle. Ses pulsions suicidaires n'étaient que des envies malsaines détournées, histoire de protéger ses idéaux de justice. Elle y avait cédé une fois, mais ce ne serait pas toujours le cas. Unity se jura que si Neill tentait de la tuer, ce serait elle qui l'assassinerait. Si elle vivait encore. « Je prends note de vos conseils, fit-elle avec arrogance, une pointe d'amusement dans la voix. Vous de même, faîtes-en autant. » De sa part, ce n'était pas une menace. Presque un conseil, en fait, face à la vie dissolue qu'il menait ; si on se rappelait qu'Unity n'avait pas la moindre envie de lui donner de conseils, on comprenait alors que ce n'était qu'une manière élégante de lui répondre sans trop céder.
« Et puis il n’y a rien de plus ennuyant que quelqu’un qui se met à pleurer qu’il ne veut pas mourir parce qu’il se rend compte trop tard que la vie aurait pu être amusante. » Oh, vraiment ? Dans ce cas, il se mettrait à pleurer lorsqu'il mourrait. Il n'avait qu'une conception étroite de la vie et de son amusement ; à trop chercher le second, Unity devinait qu'il était assailli par l'ennui. Oh, de toute façon, elle n'était pas ainsi. Elle se connaissait : même complètement brisée par le chagrin, elle gardait encore la dignité de tout intérioriser. « Mais cela dit, faites comme vous voulez, mais faites le vite. » Unity fronça les sourcils. « Vous osez me donner des conseils, maintenant ? Je croyais que je n'étais rien pour vous ? » Elle avait repris son masque neutre, ses lèvres se tordant en une drôle de grimace sarcastique. Pauvre Neill, tellement à côté de la plaque des fois. Il ne se rendait pas compte qu'on pouvait facilement détourner ses propos. « Cependant, je comprends très bien ce que vous me dîtes. Sachez que cela ne me fait pas peur, maintenant, ça m'ennuie un peu que vous ayez envie d'en être l'instigateur. Parce que moi, quitte à ce que ça me tombe dessus, je préfère que ce soit quelqu'un d'autre... Moi par exemple. » Elle n'affectait pas sa désinvolture ; celle-ci était plutôt naturelle, et exprimait une effrayante réalité qu'on ne présente plus. Avec des pulsions suicidaires, la détective ne pouvait prétendre que se faire tuer la tétanisait de peur, après tout. « Je n'essaierai pas de vous détourner de ce projet, même si je crois très sincèrement que vous devriez le faire. Vous êtes très fort, je le reconnais, mais je crains que vous ne fassiez l'erreur de me sous-estimer. Si vous me ratez, vous comprendrez très bien ce que je veux dire. » Le "si" n'était qu'une simple concession faite pour pallier au cas éventuel où il aurait envie de la tuer à cet instant précis. Autrement, elle n'était pas vraiment sûre qu'il en fût capable. Elle avait bien l'intention de lui prouver le contraire. Il n'avait rien d'un grand meurtrier, parce qu'elle en avait décidé ainsi et qu'elle refusait d'être sa victime.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbDim 25 Déc - 17:23

Unity n’eut pas l’air d’avoir peur de ses menaces, étrangement cela ne lui fit ni chaud, ni froid. Neill aurait pu se sentir énervé qu’on ne présente pas un quelconque sentiment de terreur quand il sous entendait qu’il allait vous assassiner tranquillement dans votre cuisine, mais cette fois-ci cela lui était égal. Tout simplement qu’il ne comptait pas la tuer pour s’amuser, ni en retirer un quelconque plaisir. Juste parce que c’était nécessaire. C’était comme soigner une maladie en exterminant les microbes.

- Vous osez me donner des conseils, maintenant ? Je croyais que je n'étais rien pour vous ?

Neill haussa les épaules, il avait juste dit d’une manière poli « attention je vais venir vous assassiner alors profitez-en, ça vous empêchera de pleurer le moment venu et de salir mes chaussures avec des larmes ». Qu’elle le prenne pour un conseil était tant mieux pour elle, et si elle ne lui obéissait pas c’était son problème pas le sien.
Mais à bien y réfléchir, peut-être que c’était justement parce qu’elle représentait quelque chose qu’il avait aussi hâte de se débarrasser d’elle. Si vraiment elle n’avait rien été, son indifférence se serait affichée immédiatement à leur rencontre et il l’aurait tout simplement ignoré. N’aurait aucunement fait attention à elle, et même maintenant ne resterait pas en sa compagnie pour lui faire des menaces voilées.
Il ignora sa grimace et répondit :

- Il ne s’agissait guère de conseils.

Plutôt d’un avertissement. Mais peu importe. Elle reprit la parole :

- Cependant, je comprends très bien ce que vous me dîtes. Sachez que cela ne me fait pas peur, maintenant, ça m'ennuie un peu que vous ayez envie d'en être l'instigateur. Parce que moi, quitte à ce que ça me tombe dessus, je préfère que ce soit quelqu'un d'autre... Moi par exemple.

Neill l’entendit bien et répondit immédiatement, sans prendre la peine de réfléchir, car déjà la réponse était là dans sa bouche et sortait :

- Si vous voulez mettre un terme au problème vous-même, cela m’est égal. Je gagnerai du temps, et la finalité sera la même.

Cette phrase était vraiment étrange venant de Neill, car le vicomte adorait régler lui-même les problèmes justement, surtout quand il s’agissait de mettre un terme à une vie, il ne s’en privait que rarement et uniquement quand il avait mieux à faire ailleurs. Hors là, rien ne l’attendait vraiment et voilà qu’il lui laissait la tâche de se suicider si cela lui faisait plaisir. Dans son état normal, le vicomte n’aurait jamais fait une telle chose, à moins qu’il soit celui qui l’ait réellement poussé à un mettre fin à ses jours et que sadiquement il assiste à la chose (ou même qu’il en soit l’instigateur au point de lui avoir fournis les armes).
Cela n’était qu’une preuve de plus qu’Unity était spécial dans un sens (et par conséquent dangereuse).
Elle continua :

- Je n'essaierai pas de vous détourner de ce projet, même si je crois très sincèrement que vous devriez le faire. Vous êtes très fort, je le reconnais, mais je crains que vous ne fassiez l'erreur de me sous-estimer. Si vous me ratez, vous comprendrez très bien ce que je veux dire.

La sous-estimait-il réellement ? Peut-être. Mais il n’ignorait pas qu’elle pourrait se défendre, après tout elle avait un tel caractère qu’elle se travestissait en homme sans que quiconque ne voit la supercherie. Du reste, si vraiment il se ratait et qu’elle se montrait plus forte que lui, qu’elle réussissait l’exploit de le tuer, il s’en fichait. Sa vie ne lui paraissait pas forcément précieuse, et de moins en moins. A dix-neuf ans elle avait encore l’attrait que le danger et le plaisir de s’amuser lui donnait, aujourd’hui elle devenait de plus en plus lassante, surtout quand même le danger n’était au final plus si terrible.

- Et bien, vous connaissez la loi du plus fort. Nous verrons qui de nous deux l’appliquera. Pour ma part que ce soit vous ou moi, cela aussi m’est égal, et peu importe que je vous sous-estime.

Il disait ça d’une voix monocorde, complètement détaché de ses paroles, comme si son esprit était ailleurs, comme si de toute manière toute cette histoire n’avait aucune importance. Que ce n’était ni drôle, ni ennuyant, que c’était juste là au milieu de son chemin et qu’il ne pouvait le contourner. Bientôt il irait vaquer à d’autres occupations bien plus plaisantes.

- Peut-être aurez vous le plaisir d’en finir avec mes activités, autrement qu’en me dénonçant.

Neill se permit tout de même un léger sourire après cette remarque. Peut-être que celle qui avait réussi à créer un jour quelque chose chez lui qui n’aurait jamais dût exister allait être celle qui y mettrait un terme. La boucle serait bouclé, fin de l’histoire.

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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbJeu 29 Déc - 21:18

Parler avec Neill, c'était se placer sous le signe du désespoir. C'était déjà désespérant de parler avec une personne aussi butée, désagréable et exaspérante comme le vicomte. De plus, essayer de lui parler, on pouvait considérer cela comme un acte désespéré. Enfin, elle tenait des propos désespérés, empreints d'une grande tristesse et d'une résignation certaine. Tout cela rendait la conversation fort inconfortable, même si la détermination possédait désormais Unity, et l'aidait à lever la tête de défi. A répondre comme elle pensait devoir le faire, sans tergiverser, et à parvenir à conserver une dignité qu'elle ne désirait pas vraiment garder. Et même s'il lui disait qu'il ne s'agissait pas de conseils - bien sûr que non, ce n'était qu'une menace particulièrement subtile, mais menace quand même -, elle ne flanchait pas. Elle se demandait comment elle pouvait encore avoir envie de jouter verbalement avec lui, comme ça, alors qu'elle savait que cela ne servait à rien. Ils partiraient, ils se reverraient, ils s'affronteraient. Leur chemin était tout tracé, et n'attendait plus qu'on l'empruntât ; pourquoi patienter plus longtemps ? Qu'espérait-elle obtenir en s'adressant ainsi à lui, comme si elle était forte et n'avait peur de rien ?« Si vous voulez mettre un terme au problème vous-même, cela m’est égal. Je gagnerai du temps, et la finalité sera la même. », voilà tout ce qu'il avait à lui répondre. Cela lui ressemblait d'ailleurs si peu qu'Unity avait du mal à y croire. Pouvait-il vraiment renoncer à faire souffrir autrui ? Oh, sans doute était-ce la marque d'une dépendance qui revenait. Il était lâche, voilà tout, il avait peut-être de ne pas en être capable.
« Et bien, vous connaissez la loi du plus fort. Nous verrons qui de nous deux l’appliquera. Pour ma part que ce soit vous ou moi, cela aussi m’est égal, et peu importe que je vous sous-estime. » C'était cela, peu importait qui gagne. De toute façon, il n'avait qu'à la laisser gagner dans ce cas, ce serait beaucoup mieux. Il était si détaché de ses propos que cela en était effrayant... et attirant, aussi. Qu'elle donne cet adjectif à Neill, c'était complètement fou. Mais oui, quelqu'un qui se souciait aussi peu de sa vie qu'elle, qui ne semblait pas vouloir à tout prix sa souffrance et acceptait qu'elle puisse être plus forte que lui, c'était attirant pour elle. Bien plus que le sanguinaire vicomte qui voyait en elle un jouet. Il lui rappelait elle ; on aurait bizarrement dit qu'il était brisé, qu'il n'avait plus de volonté, sinon que tout s'arrêtât. Unity éprouvait une forte envie de lui sauter au cou, de le serrer en le remerciant de lui être un peu plus agréable, et de s'en aller à toute vitesse pour ne pas se faire tuer immédiatement. Qu'il était doux de voir que lui aussi pouvait se montrer faible. « Peut-être aurez vous le plaisir d’en finir avec mes activités, autrement qu’en me dénonçant. » : ajouta-t-il avec un léger sourire. Uniquement complaisant, sans doute, fait pour respecter les convenances. Unity le regarda bizarrement. Elle n'était pas sûre, elle, d'en éprouver du plaisir. Ce n'était pas elle, la meurtrière. Le dénoncer serait quand même plus agréable, pensait-elle, car il vivrait son châtiment. Mort, il serait coupé de tout, y compris d'une juste punition. C'était une mauvaise chose.
Unity continua de le dévisager avec incompréhension, une étrange expression dans les yeux. Elle-même aurait été incapable de dire ce qu'elle ressentait à cet instant précis. Ni de la peur, ni du dégoût. Pas de la joie, pas de colère, pas d'amusement. Autre chose, qu'elle avait rarement éprouvé. Elle ne savait pas quoi, mais c'était tout de même plaisant. « Neill... » Elle l'appelait par son prénom, ce qui était chose rare. Non qu'elle le fît exprès. C'était sorti tout de seul, cela n'avait rien de calculé. Elle ne voulait pas le convaincre de quoique ce soit, n'espérait même pas lui faire changer d'avis à ce stade. Sa résolution était prise, et elle s'y conformerait, puisqu'il y allait de sa vie. « Vous êtes étrange, quand vous vous y mettez. Il suffit que vous ayez peur de la situation pour que vous vous mettiez en retrait. Vous vous effacez, Neill, et cela m'étonne. Est-ce que vous souffrez ? » En disant cela, elle s'était rapprochée de lui. Sa voix avait baissé, s'était faite plus profonde ; seul le vicomte pouvait encore l'entendre. Le comportement d'Unity était irrationnel : elle n'éprouvait aucune pitié pour lui, n'avait pas envie de se sentir proche. Elle voulait qu'il sortît de sa vie, c'était évident. Mais elle ne pouvait s'en empêcher, parce qu'elle était un être sensible. « Tout cela n'est pas cohérent. Ce n'est pas le vicomte Owen que j'ai en face de moi. Bah, si vous ne voulez pas vous amuser, tant pis. Moi, vous m'amusez bien. » Elle recula, se dépêcha de se mettre hors de sa portée.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbVen 30 Déc - 21:04

Neill le savait, que cette rencontre était mauvaise, pour sa santé, pour ses pensés, pour son état. Rien que là il était fatigué, et il avait l’impression d’avoir réduit le sens de sa vie à néant, se souvenant à quel point les jeux l’amusaient de moins en moins et qu’il fallait toujours qu’il plonge de plus en plus dans l’horreur et la cruauté pour s’amuser vraiment (alors qu’avant lapider un enfant aurait suffit). Même ça aurait une limite, il en était sûr. Mais que faisaient ses ennemis jurés ? N’était-ce pas leur rôle de le menacer et de l’amuser ? Pourquoi penser à ça ? C’était n’importe quoi.
Ce qui comptait : c’était s’amuser. Point barre. Pas se remettre en question, et surtout : ne pas se poser de question.
Mais Unity bouleversait tout –encore-, et il sentait à quel point la tuer devenait plus urgent à chaque minute, et il devenait certains que c’était la meilleure et la seule solution.

- Neill...

La femme venait de prononcer son prénom, et le vicomte eut l’impression que ses cheveux se dressaient sur son crâne, à cause du frisson qui lui remonta dans le dos. Il fallait la tuer ou sinon il allait replonger.

- Vous êtes étrange, quand vous vous y mettez. Il suffit que vous ayez peur de la situation pour que vous vous mettiez en retrait. Vous vous effacez, Neill, et cela m'étonne. Est-ce que vous souffrez ?

Souffrir lui ? Hors de question. Il s’amusait, bien sûr, sa vie était un jeu et c’était tout. En plus tout allait pour le mieux, sa sœur était un parfait esclave, les gens se laissaient tuer tranquillement, la milice était de son côté, la police aussi, il n’avait qu’à lever le petit doigt et il obtenait tout ce qu’il désirait. Et comme si ce n’était pas assez, il était un des nobles les mieux vus de Londres (que des naïfs) et des dizaines de femmes priaient dans leur lit qu’il les demande en mariage (quelles rêveuses). Vraiment, que pourrait-il souhaiter de plus ? Il avait tout.
Il ne souffrait pas.
Pourtant il resta silencieux, et les paroles s’écoulèrent en lui comme un venin. Il suffisait qu’on lui suggère l’idée et il se rappelait. Par exemple son enfance, surtout son enfance. A quel moment avait-il été heureux à ce moment là ? Oh ! Bien sûr quand il s’était enfin débarrassé de ses parents et de son frère, quelque chose en lui avait bien rit. Mais avant ? Et après ?
Il jouait et cela faisait son bonheur, il torturait, tuait, vandalisait, détruisait, et c’était ça qui était bon, il se sentait bien comme ça. Pourquoi souffrirait-il ?
Et si ça devait durer plus longtemps ? Il avait vingt-deux ans, ça allait, mais s’il vivait encore longtemps, s’il allait jusqu’à trente, ou pire quarante ans ? Impossible, ce serait trop horrible d’aller aussi loin. Qu’il tue Unity, et qu’on le tue ensuite, voilà ce qui serait bien. Ou qu’elle le tue et voilà. Point final. Il aurait bien rit et c’était suffisant.
Parce qu’après il n’y aurait plus rien, les jeux devenaient lassants (de plus en plus), et même son imagination n’arrivait pas à combler son ennuie.
Bientôt il le savait, plus rien ne l’amuserait, et il crèverait d’ennuie en espérant de crever tout court.
Il regardait Unity se rapprocher, elle était si près qu’il aurait pu la poignarder très facilement, mettre fin à ses interrogations gênantes. Mais trop tard elles étaient entré en lui, et pour les en sortir il lui faudrait des jours, peut-être des mois. Et peut-être qu’il y penserait au contraire de plus en plus en se rendant compte que plus rien n’était drôle au bout d’un moment.
C’était trop facile de tuer.

- Tout cela n'est pas cohérent. Ce n'est pas le vicomte Owen que j'ai en face de moi. Bah, si vous ne voulez pas vous amuser, tant pis. Moi, vous m'amusez bien.

Elle s’était reculée, comme s’il allait la frapper, la tuer, l’étrangler comme plutôt, mais il resta sans bouger. Avalant ses paroles et cherchant à les enfouir quelque part et les ignorer. « Ce n’est pas le vicomte Owen » disait-elle. Mais n’était ce pas justement le véritable vicomte Owen qu’elle avait devant elle.

- Qui croyez-vous que je suis ? Suis-je celui qui connaît les bonnes manières sur le bout des doigts et qui sait charmer son entourage, suis-je celui qui se moque aisément des autres et qui n’hésite pas à s’amuser avec eux, suis-je celui qui les torture ou pire encore et qui détruit leur vie ou leur famille, ou finalement suis-je celui que vous ne reconnaissez pas ?

Peut-être un peu de tout, et peut-être un peu de rien. Etait-il un gamin parce qu’il ne cessait de jouer ? Etait-il un adulte parce qu’il avait vingt-deux ans et s’amusait dans la cours des grands ? Tout devenait flou dans sa tête, et tout ça c’était à cause d’elle. A cause de cette femme qui s’introduisait dans sa tête et ses pensés par ses paroles et ses questions. Elle touchait juste, et même quand elle touchait mal elle remuait quelque chose. C’était vraiment énervant.

- Vous voyez, c’est pour cela que je veux en finir. Parce que ça fait une vingtaine de minutes que nous sommes là à causer, et j’ai déjà l’impression de ne pas être celui que je montre. Je pourrais presque me trouver des centaines de souffrances qui me feraient dire que ma vie est vraiment ennuyante et que j’ai hâte qu’elle se termine.


Il prit l’air très très ennuyé pour appuyer ses paroles et soupira :

- Ce n’est pas comme cela que ça doit être. Je dois juste être le méchant de l’histoire, m’amuser et faire souffrir les gens. Ce qu’il y a au fond n’a pas d’importance, ça doit rester à sa place. Si je me remettais en question, je perdrais le seul sens à ma vie : le jeu. Ce doit être drôle et c’est tout.

Neill passa sa main dans ses cheveux et très sérieusement répéta :

- C’est pour cela, que je dois en finir.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbSam 31 Déc - 14:02

Alors qu'elle se reculait, Unity remarqua immédiatement que Neill n'avait pas l'intention de bouger. Il était trop calme, impassible... mal en point, en réalité, sans doute souffrant. Elle devinait qu'elle avait touché juste, que ses paroles faisaient des ravages à l'intérieur, invisibles à l'œil. Un très léger sourire étira son visage ; sourire sans joie de victoire. Elle n'en était pas fière, ni même satisfaite. Elle aurait réellement préféré qu'il s'ouvrît complètement, montrât réellement qu'elle avait dit juste, qu'il y avait de la souffrance en lui, et qu'il exposât cette douleur à la face du monde - ou du moins devant elle. Oui, voilà encore ce qui pouvait lui faire plaisir. Unity voulait que Neill se montre à elle comme un être humain, fragile et faillible malgré sa force. Quelqu'un qui savait qu'on pouvait avoir mal, qu'on pouvait s'attacher aux autres sans que cela fût un échec. Il l'était aussi, au fond - mais cela, c'était Neill, et non le vicomte comme elle l'avait appelé. L'utilisation du titre impliquait une certaine... distanciation. Tout comme le titre de "détective" n'aurait pu parler de son essence profonde, mais renvoyer à une apparence qu'elle se donnait, en tant que vicomte, Neill était un monstre, sans rien d'humain. Il était prisonnier de ce titre, comme tout le monde pouvait l'être. « Qui croyez-vous que je suis ? Suis-je celui qui connaît les bonnes manières sur le bout des doigts et qui sait charmer son entourage, suis-je celui qui se moque aisément des autres et qui n’hésite pas à s’amuser avec eux, suis-je celui qui les torture ou pire encore et qui détruit leur vie ou leur famille, ou finalement suis-je celui que vous ne reconnaissez pas ? » Sans doute était-il tout cela à la fois. Elle savait toutefois que certaines choses étaient sans doute plus vrai que d'autres. Là où il ne mettait nulle sincérité, on ne pouvait trouver une caractéristique suffisante. Il y avait peu de chance qu'il se reconnaisse dans la première description, même si elle lui correspondait. La torture, elle y croyait plus vu que cela lui faisait plaisir. Enfin, c'était ce qu'elle pensait. Et celui qu'elle ne reconnaissait pas... « Non, vous ne m'entendez pas. Je ne parle pas de nature profonde mais de personnage. » Et le personnage qu'il incarnait à cet instant précis n'était pas celui du vicomte sanguinaire, c'était indéniable. Mais sans doute contenait-il sa part de véracité, qu'Unity n'avait pas encore découvert, même si cela la ravissait...
« Vous voyez, c’est pour cela que je veux en finir. Parce que ça fait une vingtaine de minutes que nous sommes là à causer, et j’ai déjà l’impression de ne pas être celui que je montre. Je pourrais presque me trouver des centaines de souffrances qui me feraient dire que ma vie est vraiment ennuyante et que j’ai hâte qu’elle se termine. » Elle le regarda d'un air incrédule, se demandant depuis quand Neill était aussi pessimiste. C'était elle qui lui faisait cet effet-là ? Hé bien, c'était réussi. Il était sans doute moins dangereux en dépressif souhaitant mourir, qu'en sadique désireux de s'amuser coûte que coûte, au détriment de la vie des autres s'il le fallait. « Ce n’est pas comme cela que ça doit être. Je dois juste être le méchant de l’histoire, m’amuser et faire souffrir les gens. Ce qu’il y a au fond n’a pas d’importance, ça doit rester à sa place. Si je me remettais en question, je perdrais le seul sens à ma vie : le jeu. Ce doit être drôle et c’est tout. C’est pour cela, que je dois en finir. » Sarcastique, Unity pensa que cela n'avait rien à voir avec ce qu'il ressentait vraiment, comme s'il essayait juste de conserver une image, de faire comme si cette apparence était essentielle. Elle ne croyait pas vraiment à ce qu'il lui disait, pas alors qu'il semblait aussi peu sûr de lui. Elle voyait bien qu'elle s'était enfoncée trop profondément.
« Oui, bien sûr, parce que vous n'êtes pas capable de réfléchir plus profondément, c'est la seule possibilité. » Son ton était ouvertement moqueur. Elle n'en avait, au fond, que peu à faire de ses scrupules et de sa fausse assurance ; elle voulait remuer le couteau de la plaie. Elle allait bientôt partir, de toute façon. « Ne faîtes pas comme si mes paroles ne vous avaient jamais rien fait. Je vois clair dans votre jeu, je sais que vous fuyez. C'est ça, la fin que vous proposez : une fuite. Vous n'avez pas le courage de me surmonter, alors vous préférez me voir morte, ou mourir si cela n'est pas possible. C'est vraiment glorieux. Bah, vous savez quoi ? quand bien même vous réussiriez, ça me serait égal. » A nuancer toutefois : il lui serait égal de mourir. Pas de sa main à lui par contre, cela elle ne le voulait pas... mais le dire ne servirait pas son propos. « Parce que de toute façon, vous êtes au bout du rouleau. Vous ne méritez même pas qu'on vous craigne, malgré tout le mal que vous pouvez faire, parce que vous avez déjà perdu. »
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbLun 2 Jan - 9:17

Unity semblait décider à pousser Neill dans ses derniers retranchements, au lieu de ne rien dire, au lieu de détourner la conversation, elle continuait celle qu’ils avaient commencée.

- Non, vous ne m'entendez pas. Je ne parle pas de nature profonde mais de personnage.


Oui bon d’accord. Un personnage, Neill des personnages, il en avait des centaines, peut-être des milliers, il était à la fois lui et un autre. Un masque, un noble, un cruel petit vicieux gamin, un type sans intérêt, ou un adulte possédant tous les charmes. Si bien qu’il ne savait plus qui il était et qui était le personnage, mais ça ne devrait pas le déranger : tant qu’il s’amuse. Oui, on en revient toujours là, le jeu, mais après tout c’est sa raison d’être. Sa seule raison d’être. Mieux vaux ne pas la perdre de vue.

- Oui, bien sûr, parce que vous n'êtes pas capable de réfléchir plus profondément, c'est la seule possibilité.

Mais si il en était capable, seulement il ne le voulait pas. C’était comme se faire du mal inutilement, il avait assez réfléchis « profondément » étant gosse.

- Ne faîtes pas comme si mes paroles ne vous avaient jamais rien fait. Je vois clair dans votre jeu, je sais que vous fuyez. C'est ça, la fin que vous proposez : une fuite. Vous n'avez pas le courage de me surmonter, alors vous préférez me voir morte, ou mourir si cela n'est pas possible. C'est vraiment glorieux. Bah, vous savez quoi ? quand bien même vous réussiriez, ça me serait égal.

Oui peut-être, il fuyait.
Non n’importe quoi il ne fuyait pas. Il réglait juste le problème.
De toute façon qui était-elle pour se permettre de lui dire ce genre de choses.
Avait-elle déjà oublié qu’il avait essayé de l’étranger ?
Et s’il la tuait là maintenant dans cette ruelle ?
Mais elle a raison il fuit.
Hors de question de croire ça.
Mais c’est vrai, qu’il préfère la voir morte ou mourir. C’est vrai.
Et alors ? Ce n’est pas une fuite, juste la continuité d’un amusement. La mort c’est drôle, que ce soit la sienne ou celle d’Unity.
Mais la jeune femme ne l’épargnait pas, il avait l’impression que les rôles étaient inversés. D’habitude c’était lui qui était dominant, qui faisait réfléchir et qui se moquait des faiblesses, aujourd’hui c’était elle qui avait les pleins pouvoirs.
C’est pour ça qu’il faut la tuer.
Elle n’avait pas finis de causer :

- Parce que de toute façon, vous êtes au bout du rouleau. Vous ne méritez même pas qu'on vous craigne, malgré tout le mal que vous pouvez faire, parce que vous avez déjà perdu.

Il n’était pas au bout du rouleau. Il méritait qu’on le craigne.
Tu parles, il était entrain de se faire dire ces quatre vérités par une femme, bien sûr qu’il était au bout du rouleau.
Il n’avait pas perdu, il était le gagnant du jeu, toujours.
Et il en avait marre, est ce que ça devait être comme ça pour le restant de son existence ? Gagner ? Sans même que quelqu’un cherche à le faire perdre ?
Voilà ce qui le dérangeait, que personne ne prenne même plus la peine de rendre son jeu amusant, tout devenait trop facile.

Neill commençait à avoir mal à la tête, il avait l’impression que des centaines de pensées se mettaient à refluer dans son esprit sans qu’il puisse les arrêter. Un torrent gigantesque était entrain de briser les digues de sa conscience, et deux voix dans sa tête se battaient pour savoir qui avait raison. Elles hurlaient l’une sur l’autre, la première voulait que Neill réfléchisse, la deuxième conseillait qu’il se comporte comme d’habitude. L’une espérait qu’il se remette en question quand l’autre le suppliait de rester comme il était : vil et méchant. Il devait continuer de s’amuser, non il devait donner un sens à tout cela. Aucune des deux n’arrivaient à se mettre d’accord, et le vicomte n’arrivait plus à se concentrer sur ce qu’il se passait à la fois dans son cerveau et à la fois sur ce que racontait Unity, alors il se mit à hurler :

- LA FERME !


Son esprit sembla soudainement faire silence, et il respira mieux. Se frottant les tempes et fermant les yeux, il ignora le monde autour de lui. Si des passants s’étaient retournés sur son chemin, peu importe, s’il avait alerté quelqu’un tant pis. Si les gens découvraient sa vraie nature et bien tant mieux et qu’ils aillent au diable.
Puis il rouvrit les yeux :

- D’accord vous avez gagné. Je suis un lâche, je suis au bout du rouleau, je veux vous tuer parce que vous me dérangez.


Il ne souriait pas, il n’avait même pas l’impression que c’était lui qui parlait. Comme si quelqu’un d’autre avait pris sa place, parlait avec sa bouche et qu’il assistait à tout ça de l’extérieur.

- Il n’y a plus personne pour me mettre des bâtons dans les roues. Comment un jeu peut-il se révéler amusant si tous les adversaires sont aussi nuls ? Si je suis sûr de gagner à chaque fois ? Vous croyez que j’ai envie de vivre comme ça ? En jouant à un jeu détraqué où on fait de moi le vainqueur à tous les coups ?

Il la fixait, mais encore une fois il ne savait pas vraiment si c’était lui qui disait tout ça, ou si c’était un drôle de rêve.

- Ne vous méprenez pas, je n’ai aucune envie de perdre, je veux juste que le jeu ne soit pas gagné d’avance.

Puis il poussa un soupire et sans essayer (ou même pouvoir) retenir ses paroles il ajouta :

- C’est pour ça que je vous aime bien, parce que vous êtes mon pire adversaire. Je suis incapable de vous tuer même si je le dis et je le répète, j’en suis incapable parce que sinon ça serait déjà fait. Vous êtes la seule qui me donne l’impression de résister au moins un tout petit peu, et à donner du sens à tout ça. Mais c’est un dilemme parce que je déteste ça, je déteste me sentir sous l’emprise de quelque chose parce que je ne suis plus maître de moi-même. C’est là tout le paradoxe, je désire vous tuer et en même temps c’est la dernière chose que je souhaite.

Il se tut. Laissa le silence flotter, ne repris pas la parole. Alors soudainement il se rendit compte de tout ce qu’il venait de dire, d’avouer, et il eut envie de se gifler (ou pire). Avec tout ce qu’il venait de se passer, il avait finis par perdre totalement la raison, et avait laisser un autre parler avec sa bouche, voir avec ses yeux, et dire des choses absolument inadmissible.
« Je vous aime bien »… Neill n’aimait personne. PERSONNE ! Il se fichait de l’amitié et encore plus de l’amour, il n’y avait rien à y gagner. Et la seule personne qu’il protégeait à sa manière (parce qu’elle pouvait lui servir) était sa petite sœur.
Alors pourquoi avait-il dit une chose pareille ? Qu’est ce qui lui avait pris ? Il se sentait malade, et son mal de crane recommença.
Il se prit à espérer qu’il n’avait rien dit, que ce n’était qu’une illusion et qu’elle n’avait rien entendu.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbDim 15 Jan - 19:10

Pour Unity, il n'y avait pas de sentiments précis à ressentir. On ne pouvait dire que sa confrontation était une victoire en affirmant la défaite du vicomte. En vérité, elle essayait surtout de le blesser, car n'était pas sûre qu'il avait perdu. Il s'était perdu, peut-être, s'il fuyait simplement une femme. Mais le jeu ne devait pas être terminé pour autant, ce serait trop simple. Pas avec Neill, même dénaturé, même au bout du rouleau. La seule satisfaction qu'elle put en tirer, ce fut de le voir hésiter, complètement perdu. Elle devinait le tourbillon de ses pensées, regretta presque de ne pas avoir de pierre pour en lire, se rappelant en même temps qu'il valait mieux que ce ne fût pas le cas, car elle l'aurait eu sur le dos, et lui aurait trouvé le moyen de conserver un semblant de pouvoir sur elle. Si elle avait eu une pierre, pour sûr, elle l'aurait craint, même en le sachant aussi dépendant d'elle. Il lui aurait encore plus facile de se débarrasser d'elle devant un commissariat, il aurait suffi de la dénoncer. Cela jeta un froid à Unity, dont le visage se ferma de toute émotion, et devint un masque de neutralité. Au fond, il lui faisait toujours peur, elle devait se l'avouer. Toute son assurance aurait toujours une part de mensonge et de feinte. Il avait toujours été redoutable, même si elle estimait avoir ses chances de se battre. Tout ce qu'il aurait pu faire avec elle - faire d'elle, même -, s'il l'avait seulement voulu, s'il n'avait pas trouvé plus amusant d'agir autrement... Son « LA FERME ! », s'ajoutant là-dessus, la fit violemment sursauté. Unity se retint de se reculer, les yeux un peu trop ouverts. Elle ne savait pas si d'autres l'avaient entendu. Elle, oui, et elle se sentait subitement inquiète. Elle savait très bien que s'il décidait de l'attaquer à l'instant, elle n'aurait pas la moindre chance. La détective se mordit la lèvre, dans un effort pour ne répliquer ou s'enfuir. Elle était presque sûre qu'il allait fulminer. Lorsqu'elle l'entendit, finalement, elle fut prise d'un grand étonnement. « D’accord vous avez gagné. Je suis un lâche, je suis au bout du rouleau, je veux vous tuer parce que vous me dérangez. » Elle ouvrit la bouche, la referma sans avoir pu trouver quoique ce soit à répondre. Elle ne s'était pas attendu à une telle capitulation. C'était étrange de le voir ainsi. En paroles, il semblait perdu, lâchant l'affaire. Mais son air sérieux, glacial même, détaché de tout et droit comme un i, semblait contradictoire. Si verbalement, elle gagnait, physiquement, il conservait l'avantage. C'était comme si, inconsciemment, il la prévenait de ne pas trop se réjouir de ce qu'il disait, que c'était toujours lui qui gardait la main. Elle comprenait. Elle se tint tranquille, le regardant avec froideur.
« Il n’y a plus personne pour me mettre des bâtons dans les roues. Comment un jeu peut-il se révéler amusant si tous les adversaires sont aussi nuls ? Si je suis sûr de gagner à chaque fois ? Vous croyez que j’ai envie de vivre comme ça ? En jouant à un jeu détraqué où on fait de moi le vainqueur à tous les coups ? » Unity se demanda si son apparent aveu cachait un besoin sous-jacent, plus complexe et inconscient, d'être battu par quelqu'un. On disait avoir besoin de toujours vaincre, mais visiblement, cela lui provoquait de l'ennui. S'amuserait-il plus de voir la situation lui échapper ? Pourrait-il seulement l'accepter consciemment, reconnaître que ce désir lui était essentiel ? La détective ne voyait pas trop ce qu'il voulait dire. « Ne vous méprenez pas, je n’ai aucune envie de perdre, je veux juste que le jeu ne soit pas gagné d’avance. » Que le jeu ne soit pas gagné d'avance. Elle eut envie de rire. Si ça se trouve, il voulait peut-être perdre, tout au fond de lui, histoire d'être confronté à une véritable difficulté. Perdre, gagner, alterner. Peut-être était-ce cela qui lui avait plu chez Unity : la possibilité de ne pas gagner d'avance, de devoir véritablement se battre contre quelqu'un de fort. C'était un vrai challenge, pour quelqu'un comme lui. Et s'il perdait, même si cela devait lui faire du bien - du moins à son ego, elle en était sûre -, son esprit ne pouvait l'accepter. Le jeu lui échappait, il pensait perdre ? Une seule solution : se débarrasser de l'adversaire. Nul doute qu'une fois cela fait, il pourrait retourner à des cibles plus faciles. Elle eut envie de rire, à nouveau. Sans elle, il s'ennuierait, c'était indéniable. Que ferait-il sans elle ? … Et elle, que ferait-elle sans lui pour lui redonner le goût du combat ? Se battre pour sa survie était fort désagréable, mais pour le plaisir de vaincre... Unity comprit qu'il pouvait l'aider, indirectement, à reprendre goût à la vie. Et le tuer, ce serait se tuer elle-même. Tout comme le laisser vivre, comme elle pensait le faire, serait une manière de reprendre le contrôle de son existence, en s'érigeant un ennemi puissant. Seul problème : ce serait trop désagréable.
« C’est pour ça que je vous aime bien, parce que vous êtes mon pire adversaire. » Le cerveau d'Unity se bloqua un instant. Je vous AIME bien ? Non, elle avait dû mal entendre... pourtant, c'était bien ce qu'il avait dit. Qu'il l'aimait bien. C'était terrible. Comment Neill pouvait aller jusqu'à lui faire un tel aveu, alors qu'elle-même commençait à se perdre dans sa manière de réfléchir ? Qu'elle ne savait plus que penser de lui ? Elle savait déjà qu'elle devait son estime au fait qu'elle s'érigeant en pire adversaire, mais supposer qu'il fût attaché véritablement à elle... c'était trop demander. Et là, il le lui sortait tout naturellement, presque naïvement. Comme s'il était plus fragile qu'il ne l'était. « Je suis incapable de vous tuer même si je le dis et je le répète, j’en suis incapable parce que sinon ça serait déjà fait. Vous êtes la seule qui me donne l’impression de résister au moins un tout petit peu, et à donner du sens à tout ça. Mais c’est un dilemme parce que je déteste ça, je déteste me sentir sous l’emprise de quelque chose parce que je ne suis plus maître de moi-même. C’est là tout le paradoxe, je désire vous tuer et en même temps c’est la dernière chose que je souhaite. » Unity le regarda d'un air presque angoissé. Comment réagir quand votre pire ennemi, un sadique de première extrêmement cruel, un psychopathe presque, sociopathe sans aucun doute, vous disait de telles choses ? Il lui donnait du fil à retordre. Lui aussi était un adversaire formidable - le seul d'ailleurs qu'elle pût vraiment craindre -, et c'était aussi pour cela qu'elle avait besoin de lui. « Neill... » : fit-elle d'une petite voix. Pour la troisième fois, elle l'appelait par son prénom. Décidément, cela n'allait plus, quelque chose clochait.
Il était perdu ? Elle l'était aussi. Elle savait qu'elle ne pourrait le tuer que s'il s'en prenait à elle. S'il en était incapable, elle n'avait ni raison, ni envie, ni force de le faire à son tour. Trop honnête, trop droite, elle ne pouvait pas effacer la figure de son ennemi. Elle le regretterait - et regretter Neill était une chose qu'elle se refusait. « Presque j'ai du mal à comprendre. Pourquoi mentir tant de fois, alors ? Vous pourriez facilement gagner, je pense, si vous arrêtiez de vous obstiner à croire que je ne suis là que pour m'opposer à vous. » Car, il lui fallait être honnête : elle avait besoin, elle aussi, d'un grand ennemi... mais peut-être pas aussi puissant que lui. Pas aussi dangereux. Elle aimerait bien qu'il quittât sa vie, et pourtant... cela lui ferait un manque. Elle le voyait bien. En fait, il aurait fallu qu'ils changeassent leur relation. Sauf que, comme elle le précisait... il ne pourrait s'empêcher d'entrer en compétition. Et elle, non... donc il gagnerait. Au final, il valait mieux qu'ils en restent là. Elle disait surtout cela pour l'aider, détestant être confronté à sa faiblesse. Unity ne pouvait admettre un quelconque sentiment d'amitié venu de Neill ; elle préférait l'ignorer. Et au lieu de se protéger, il fallait qu'elle en rajoutât une couche... « Ce n'est pas moi, votre pire adversaire, vicomte. C'est vous-même. A force d'essayer de rechercher votre plaisir, vous oubliez de prendre soin de vous. Je parie que sans votre sœur, vous seriez tellement négligé que personne ne vous prendrait au sérieux. » En disant cela, elle n'avait pas la moindre volonté de le blesser. Elle essayait juste de lui faire comprendre ce qu'elle pensait. La détective londonienne savait parfaitement qu'elle se faisait du tort à elle-même, ce qui nuisait un peu à son propos, en essayant de le remettre sur pied. De toute façon, elle savait comment cela allait finir. Dès qu'il se sentirait mieux, il lui rirait au nez, se moquerait d'elle, qui l'aurait pris au sérieux, et reprendrait de son superbe. Il était comme ça, elle le savait. « Arrêtez de m'ériger en ennemie à abattre à tout prix, Owen, ajouta-t-elle d'une voix glaciale, et occupez-vous de vos vrais adversaires - et de vous-même. Vous savez très bien que si vous me laissez tranquille, je ne viendrai pas vous embêter, je n'apparaîtrai même plus. Mais pour ça, vous devriez peut-être admettre que je ne suis pas votre priorité dans la vie, et que si vous continuez comme cela, vous qui êtes déjà au bout du rouleau, vous allez tomber, et faire échouer l'œuvre d'une vie. Réfléchissez, Owen. Je vous garantis que si vous ne prenez pas la bonne décision, ce sera moi qui vous fera tomber. »
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbSam 21 Jan - 20:11

Mal au crane, migraine terrible. Neill se rappelait de quelque chose, il y avait environ trois ans, alors que sa relation avec Unity avait été mis à terme, alors qu’il dormait presque tout le temps pour s’empêcher de penser, un jour il avait finis par se réveiller, s’était dirigé droit vers le mur et s’était éclaté la tête contre le mur. Plusieurs fois. Jusqu’à ce que sa petite sœur l’arrête, mais c’était déjà trop tard, il saignait abondamment et le sang l’aveuglait. Il n’avait pas eu mal, il s’était limite sentit soulagé.
Et maintenant la douleur le rattrapait. Ca ne fit qu’empirer quand elle reprononça son prénom, et il baissa les yeux, il ne voulait plus la voir, espérant qu’ainsi il reprenne totalement ses esprits.

- Presque j'ai du mal à comprendre. Pourquoi mentir tant de fois, alors ? Vous pourriez facilement gagner, je pense, si vous arrêtiez de vous obstiner à croire que je ne suis là que pour m'opposer à vous.

Il mentait parce qu’il avait ça dans le sang, la vérité n’était pas bonne à dire il le savait.
Facilement gagner.
Encore facilement.
Il ne voulait pas facilement gagner, il voulait que le jeu soit difficile, avoir un adversaire à sa hauteur. Comment un joueur d’échec pouvait-il s’améliorer dans ses parties s’il ne se battait que contre des plus faibles que lui ? Quel intérêt prenait-il au jeu si plus personne n’en donnait ? Il valait mieux qu’il trouve autre chose à faire de sa vie. Pour le joueur d’échec c’était peut-être facile, mais pour Neill ça ne l’était pas : parce que le jeu c’était toute sa vie, sa raison et son sens.
Puis il le savait qu’Unity n’était pas là que pour s’opposer à lui, mais finalement c’était bien dommage.

- Ce n'est pas moi, votre pire adversaire, vicomte. C'est vous-même. A force d'essayer de rechercher votre plaisir, vous oubliez de prendre soin de vous. Je parie que sans votre sœur, vous seriez tellement négligé que personne ne vous prendrait au sérieux.

Il eut un petit rire, ce qui secoua ses épaules alors que sa tête se maintenait obstinément baissé vers le sol.

- Je sais cuisiner, faire le ménage, et même coudre, je sais choisir mes vêtements et les mettre seul, sans ma sœur je m’en sortirais très bien. Ou alors je serais déjà mort, pour toutes les fois où elle a insisté pour me soigner quand j’étais blessé alors que moi-même préférait continuer à torturer celui qui m’avait infligé cette blessure.

Et c’était vrai, combien de fois l’avait-elle aidé alors qu’il était au bord de l’évanouissement ayant négligé de se soigner ? Parce qu’il s’en fichait, peut-être dans le fond espérait-il que sa blessure mette un terme à tout.
Alors peut-être qu’elle avait quand même raison, peut-être qu’il était son pire adversaire, il était celui qui se laisserait mourir sans sa frangine.
D’ailleurs il était celui qui s’était blessé le plus, cette fois-là où il avait essayé de détruire le mur avec son crâne (le mur avait gagné). Il ne prenait pas du tout soin de lui, oui.
Il pouvait se cuisiner n’importe quoi, il pouvait s’acheter les plus beaux habits, et maintenir son manoir en état, mais il était incapable finalement de se maintenir réellement en vie.
Elinor prenait alors toute son importance, et il eut encore moins envie de la marier.

- Arrêtez de m'ériger en ennemie à abattre à tout prix, Owen et occupez-vous de vos vrais adversaires - et de vous-même. Vous savez très bien que si vous me laissez tranquille, je ne viendrai pas vous embêter, je n'apparaîtrai même plus. Mais pour ça, vous devriez peut-être admettre que je ne suis pas votre priorité dans la vie, et que si vous continuez comme cela, vous qui êtes déjà au bout du rouleau, vous allez tomber, et faire échouer l'œuvre d'une vie. Réfléchissez, Owen. Je vous garantis que si vous ne prenez pas la bonne décision, ce sera moi qui vous ferai tomber.

C’était vrai. Il suffisait de partir maintenant, quelle chance il avait de la revoir à nouveau ? En plus elle devait partir pour l’Ecosse non ? Il ne la rencontrerait plus jamais, et il pourrait continuer ses petites affaires bien tranquillement de son côté. Tout redeviendrait comme avant, il la refourguerait dans un coin de son esprit, et il s’amuserait jusqu’à sa future mort.
Ca ne servait à rien de faire échouer « l’œuvre d’une vie » comme elle disait, juste pour cette bonne femme. Il avait tout mis en œuvre pour que Londres soit son champ de bataille, son terrain de jeu, il manipulait avec soin chaque pion, il était comme dieu et c’était ça qui était bon et qui le rendait heureux.
Pourquoi tout perdre pour Unity ?
Etait-ce vraiment important de rendre le jeu difficile après tout ? Gagner c’était bien, et ça ne devait pas changer. Les adversaires étaient faible, et bien tant mieux pour lui, il serait toujours vainqueur et continuerait à avoir le pouvoir.

Il secoua la tête. Elle le manipulait là non ?
Il releva alors seulement les yeux, et ils tombèrent directement dans ceux d’Unity.

- Je vous ai laissé tranquille Unity.

Depuis trois ans. Rien ne l’empêchait de lui courir après, mais il ne l’avait pas fait, il l’avait relégué dans un coin de sa tête et avait repris ses petites affaires tranquillement. Chacun de leur côté.
Et aujourd’hui où en était-il ? Toujours plus violent dans ses jeux, toujours plus méchant et plus cruel, il cherchait l’amusement de plus en plus fréquemment tellement l’ennuie se faisait de plus en plus fort.

- Vous avez pu faire votre vie sans avoir aucune nouvelle de moi. Durant trois ans, jusqu’à cette malencontreuse rencontre. Comment était-ce ?

Il s’approcha d’elle, pas vraiment menaçant :

- Si c’était si bien, je continuerai à vous laisser tranquille.

Et tout en parlant, il continuait à marcher vers elle :

- Et je reprendrai ma vie comme avant, jusqu’à ce qu’une personne en colère réussisse à se venger du mal que j’aurai fait et mette un terme à mes agissements.


Maintenant tout près d’elle, il s’arrêta, et ses yeux toujours fixés dans les siens, il attrapa une de ses mèches de cheveux :

- Mais je n’ai plus d’adversaire à ma hauteur. D’ailleurs n’en-ai-je jamais eu ? A part peut-être Seth ?

Il entortilla la mèche entre ses doigts, doucement.

- Vous m’amusiez tellement Unity, je ne peux pas l’oublier, même si j’ai essayé.


Puis la repassa derrière l’oreille de la jeune femme, laissant ses doigts passer doucement sur sa joue :

- Mais entre nous il ne peut rien avoir de bon. Parce que vous me faites perdre tout contrôle sur moi et parce que je vous dérange. Donc je vais continuer à vous laisser tranquille.

Il passa ses doigts sous son menton et lui leva la tête :

- Puisque ça vous va de laisser un vicomte cruel mettre Londres à feu et à sang.

Il eut un petit sourire moqueur, rapprocha son visage encore plus près du sien :

- Moi ça me va comme ça.

Neill la relâcha alors seulement et se recula un peu.
Ca ne lui allait pas vraiment en fait, il aurait bien voulu recommencer à jouer avec Unity, il ne pouvait pas le nier. C’était plus fort que lui, il avait eut beau lutter depuis cette maudite rencontre, au final il savait qu’il l’avait attendu sans arrêt, chaque jour, depuis trois ans. Il espérait la retrouver et la revoir, sans être vraiment sûr de pourquoi.
Maintenant il savait.
C’est parce qu’elle était bien plus intéressante que tout Londres réunis.
Et en admettant ça, son mal de crâne avait disparu.

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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbSam 21 Jan - 22:56

Unity soupira face à la réaction étrange de Neill. Au lieu de chercher à se défendre, à remonter le mur, il ne cherchait qu'à se justifier, comme si ce qu'elle pensait de lui, ce qu'elle pouvait exposer comme critique, avait pour lui une valeur véritable. Il riait, mais tout en lui s'orientait vers le bas. Il descendait alors qu'il se perdait dans le rire. Fausse justification, émotion peut-être. « Je sais cuisiner, faire le ménage, et même coudre, je sais choisir mes vêtements et les mettre seul, sans ma sœur je m’en sortirais très bien. Ou alors je serais déjà mort, pour toutes les fois où elle a insisté pour me soigner quand j’étais blessé alors que moi-même préférait continuer à torturer celui qui m’avait infligé cette blessure. » Elle aima cet instant éphémère, où elle put lui communiquer son message, rencontrer en lui une véritable écoute. Cette écoute, c'était un pouvoir. Neill était un homme qui parlait ; lorsqu'il accordait son attention, il se rendait vulnérable, se montrait réceptif. C'était tellement rare. Unity n'avait jamais compris comment s'y prendre ; il semblait s'ouvrir de lui-même, lorsqu'il était plus fragile. Mais comment savoir quels étaient ces moments ? Comment les provoquer ?
Cependant, elle le vit relever la tête. Et alors même qu'elle suivit le mouvement, elle comprit que le moment était passé. C'était fini, il n'écouterait plus - ou du moins, pas aussi bien. Neill se reprenait ; fin de la trêve. Il essayait de ne pas la laisser prendre l'ascendant. De toute façon, la détective n'en voulait pas, sauf si ça pouvait lui valoir la paix. « Je vous ai laissé tranquille Unity. » Oups. Ah, oui, vu comme ça, c'était parfaitement vrai. Il avait eu envie de la voir ; s'il ne l'avait pas fait, on pouvait considérer qu'il y avait eu un véritable effort de son côté. Elle avait du mal à l'accepter, mais puisqu'il fallait le reconnaître... D'accord, d'accord. Il lui avait donné ce qu'elle avait voulu, et elle se plaignait encore. Dans ce cas, pourquoi ne pas continuer, faire comme si ils ne s'étaient pas rencontrés ? « Vous avez pu faire votre vie sans avoir aucune nouvelle de moi. Durant trois ans, jusqu’à cette malencontreuse rencontre. Comment était-ce ? » Comment était-ce ? Horrible. Non à cause de son absence - avec lui, elle aurait craqué, ne serait sans doute plus là à ce moment. Mais à cause de sa vie. Heureusement qu'il n'avait pas été là. A aucun instant, elle n'envisageait qu'il pût lui être d'une aide quelconque. Il aurait peut-être pu, elle ne savait pas. C'était juste qu'elle refusait de penser à une telle hypothèse. « Si c’était si bien, je continuerai à vous laisser tranquille. Et je reprendrai ma vie comme avant, jusqu’à ce qu’une personne en colère réussisse à se venger du mal que j’aurai fait et mette un terme à mes agissements. » Et ça y était, le retour de la donnée tragique. Elle détestait quand il se mettait à parler d'un destin qui l'écraserait, auquel il ne pouvait se soustraire. Elle détestait la fatalité. Surtout que lui avait tendance à discréditer cela. Il semblait appeler une fin morale, mais il y avait quelque chose de négatif dans la façon dont il le présentait.
Il s'était approché d'elle ; son mouvement se stoppa. Ses yeux la fixaient d'une telle intensité qu'elle s'en sentait mal à l'aise. Elle avait l'impression que ses yeux voulaient l'hypnotiser, la dominer. Ils voulaient l'écraser, lui faire comprendre que si l'un des deux devait avoir raison, c'était lui. Les beaux arguments d'Unity ne devaient pas valoir. Alors... il lui attrapa une mèche de cheveux. Un moment de vide survint. Soyons clairs. Unity sortait d'une période difficile, d'une crise amoureuse. Des gestes aussi intimes faisaient parti d'un passé douloureux qu'elle préférait oublier. Et puis, elle était une femme, Neill un homme... par conséquent, il y avait forcément une réaction chimique. Pour Unity, ce fut un gros coup au cœur, qui se mit à battre comme un fou, en réaction à tous ces souvenirs. Et cette peur, cette proximité étrange... c'était sensuel et dominant à la foi. Un défi qu'il lui lançait à la figure, comme s'il savait que les sentiments étaient son point faible ; un défi qu'il savait impossible, pour elle, de relever. Elle se figea, sous le choc. Il aurait été si simple de pousser la main, de l'empêcher de toucher à ses précieux cheveux. « Mais je n’ai plus d’adversaire à ma hauteur. D’ailleurs n’en-ai-je jamais eu ? A part peut-être Seth ? » Son doigt qui s'entortillait autour de sa mèche, c'était le prédateur qui attachait à lui sa victime. Unity sentait quelque chose qui passait entre eux. Elle perdait pied, elle le savait. Elle se faisait submerger par lui, parce qu'il l'attaquait là où elle ne savait plus se défendre contre quiconque. Cela n'avait rien à voir avec le cœur - le sien était fermé. Tout était question de sensations, d'émotions pures. Toutes ces petites choses que l'on ne pouvait contrôler, et qui la perdait, c'était de cela dont il se servait. Il voulait la faire plier, et là, il était bien prêt d'y arriver... « Vous m’amusiez tellement Unity, je ne peux pas l’oublier, même si j’ai essayé. » Son doigt frôla sa joue. Une énorme peur prit possession d'Unity. Elle n'osait même pas se reculer. Tout était plus intense, se doublait d'une dimension qui ne devait pas avoir lieu... « Mais entre nous il ne peut rien avoir de bon. Parce que vous me faites perdre tout contrôle sur moi et parce que je vous dérange. Donc je vais continuer à vous laisser tranquille. Puisque ça vous va de laisser un vicomte cruel mettre Londres à feu et à sang. » Son visage était si proche, à présent, elle sentait son souffle contre sa peau. Elle-même pouvait à peine respirer, les yeux plongés dans ceux de Neill. « Moi ça me va comme ça. » Enfin, tout cessa.
Il lâcha prise, et elle fut libérée. Unity prit une grande inspiration, sentit un grand poids quitter ses épaules. Les digues avaient lâché, elle le sentait. Il fallait qu'elle agisse, vite, qu'elle trouve quelque chose. Presque le point de rupture. Elle le regarda, avec une grande haine et une grande pitié dans les yeux. S'assit sur les marches du commissariat, encore fragile. Pendant un instant, elle resta perdue, hagarde, le regard dans le vide. Que faire, que dire... que penser ? Sa réflexion était opaque à tout regard extérieur. Son visage fermé avait quelque chose de grandiosement triste. Et puis, elle se leva. Elle s'approcha de Neill, comme dans un état second ; sa main se leva doucement, trouva celle de Neill qu'elle saisit d'une douce fermeté. « Viens donc. Je vais aller pleurer en privé. »
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbSam 21 Jan - 23:33

Neill ignorait complètement l’effet qu’il avait eut sur Unity. S’il avait agit comme cela c’était plus parce que c’était dans ses cordes. Il avait toujours cette manière de « séduire » les gens autour de lui pour mieux les contrôler. Et il était persuadé que beaucoup de femmes – et même d’hommes – auraient trompé et vendu leur famille pour avoir le droit d’aller dans son lit. Mais ça il ne le permettait plus à personne.
Le vicomte regarda Unity s’asseoir sur les marches du commissariat sans comprendre sa réaction, qu’avait-il fait ou dit pour la mettre dans cet état ? Elle avait toujours été absolument insensible à lui (et surtout à ses tentatives de séductions quand il était plus jeune) et soudainement elle paraissait complètement perdue.
Il réfléchit à ses paroles, mais il n'avait rien dit de bien grave sauf qu’il promettait de la laisser tranquille tant qu’il pouvait jouer à sa guise avec les petits londoniens. Il repensa à ses gestes, mais ne les trouva pas menaçant, alors quoi ?
Peut-être devait-il la laisser là, si ça se trouve c’était sa manière de lui répondre, de montrer qu’elle ne pouvait vraiment pas le supporter et qu’elle était répugné au point de perdre les pédales, et sans doute valait-il mieux qu’il parte.
Tant pis, il se vengerait sur d’autres personnes.
Alors que Neill amorçait un geste pour s’en aller, Unity se releva et elle le prit par la main. Cette fois-ci ce fut au tour du vicomte d’être troublé, et surtout cloué au sol. Il ne pensa même pas à resserrer son emprise, persuadé qu’il hallucinait. Se disant qu’il était vraiment devenu fou ça y est, et que si ça se trouve toute la scène depuis sa rencontre avec Unity n’était qu’un délire de son pauvre cerveau malade.

- Viens donc. Je vais aller pleurer en privé.

Il la regarda sans savoir quoi faire, ni que dire, et elle l’entraina derrière elle. Ce n’était pas bien difficile parce que Neill à cet instant n’avait plus aucun contrôle sur son corps. Son esprit tout entier était concentré sur la main d’Unity qui tenait la sienne, et il ne comprenait absolument pas ni où ils allaient, ni pourquoi elle voulait pleurer en privé, ou plutôt « pleurer tout court ».
Lui ne pleurait absolument jamais, pour rien, ni pour personne. Peut-être une fois quand il avait été bébé, réclamant qu’on le nourrisse, mais sinon ? Il n’était même pas sûr de posséder de glandes lacrymales tant elles ne lui servaient à rien.
Puis c’était bête, mais lui, là, il avait plutôt envie de sourire, comme un gamin. Et il le fit.
Continuant de se laisser trainer, il finit par refermer ses doigts sur la main d’Unity.
Il se la fermait aussi, alors qu’il avait des tas de questions en tête : « pourquoi pleurer ? » « Où va-t-on ? » « Pourquoi tu me tiens la main ? » Mais plutôt que les poser il se concentrait sur sa main.
Il avait à nouveau dix ans. Il aurait voulu les avoir à nouveau pour de vrai. Et sentir la main chaude d’Unity dans la sienne qui aurait pu l’emmener au bout du monde, même si c’était pour aller pleurer en privé.

Elle était plus forte que lui, ça c’était sûr, si elle était capable de prendre à ce point le contrôle simplement avec un geste aussi minime, de quoi serait-elle capable si elle allait plus loin? Franchement Neill n’était pas sûr d’avoir envie de le savoir.

Alors de tout ce qu’il aurait pu dire, demander, exiger, il se contenta d’une remarque :

- Ta main, elle est plus douce que je me l’étais imaginé.

Et il souriait en disant ça, de toutes ses dents, mais pas comme un psychopathe, juste comme un môme content de la situation.
C’était bête, mais il ne voulait surtout pas qu’elle le lâche, quitte à ce qu’elle l’entraîne hors du pays, qu’elle l’emmène avec elle en Ecosse pourquoi pas ?
Il se serait tué d’avoir ses pensés alors que tout à l’heure il se souvenait de la douleur de son crâne contre le mur. Il lui avait fallu un temps improbable pour essayer de ne plus penser à elle, et maintenant il coulait à nouveau dans des marécages simplement parce qu’elle lui tenait la main.
Mais ça ne l’empêcha pas de la serrer plus fort pour être sûr qu’elle ne le lâche pas.

- Pourquoi est ce que tu veux pleurer ?

Finit-il tout de même par demander, surpris qu’elle veuille se laisser aller à ce point, et devant lui en plus. En privé, d’accord ça se comprenait, mais devant le vicomte, c’était bizarre quand même. Ce serait lui montrer une faiblesse non ? N’avait-elle pas peur qu’il en profite ?
Du reste, il n’était pas sûr d’en profiter puisqu’il était bien trop concentré sur sa main.

- Et surtout, pourquoi vouloir te montrer faible devant moi ?

Il lui jeta tout de même un regard intrigué, persuadé que son cerveau remettrait trop de temps pour totalement se reconnecter et qu’il ne lui ferait aucun mal ni ne dirait aucune moquerie si elle fondait en larmes devant lui.
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MessageSujet: Re: Trois années plus tard. { Neill Trois années plus tard. { Neill Horloge042xbDim 22 Jan - 0:18

Unity avança, la main en peu en arrière tenant celle de Neill. Il aurait pu être un poids mort, ou pire, un boulet refusant d'avancer. Il n'en était rien ; visiblement, il était aussi perturbé qu'elle. Qu'est-ce qu'ils avaient, d'ailleurs, tous les deux, à se comporter ainsi ? À laisser leur sensibilité guider leur pas, leurs émotions les submerger. Tous deux étaient aussi perdus d'être confronté à l'autre. Finalement, ce qui les troublait le plus, c'était que l'autre était humain, faillible, et qu'il pouvait toucher quelque chose en eux. Neill l'avait déjà subi, elle le savait. En revanche, pour elle, c'était inédit. Certes, elle avait pu ressentir une certaine affection pour le vicomte - mais s'en rappelait vaguement -, mais rien n'avait pris cette intensité. Là où elle était la plus faible, c'était bien là : le relationnel, vivre avec les autres d'une manière différente que dans un rapport de force. Neill abattu, c'était elle qui était abattue. Hagards, perdus, ils pourraient se contempler l'un l'autre, sans comprendre comment l'autre pouvait être plus fort que soi, alors qu'on le domine en même temps. Les rapports se figeaient, c'était absurde. Oui, tout perdait de son sens. Unity le prenant par la main, c'était aberrant, cela paraissait incohérent. Elle-même ne saisissait pas le sens de son acte. Elle en avait conscience, l'acceptait. C'était déjà suffisant, cela nécessitait un trop grand effort. « Ta main, elle est plus douce que je me l’étais imaginé. » Elle jeta un coup d'œil derrière elle, vit son beau sourire innocent. L'innocence et Neill Owen, cela ne faisait pas bon ménage ; pourtant, cela lui parut si naturel, ni étrangement normal. Il avait été cet enfant ingénu, qui n'avait rien demandé à personne, peut-être. Il était un jour où Neill n'était pas Neill, encore pur, avant que la corruption ne le gagnât. D'ailleurs, d'où venait-elle ? Éducation, accident, événement marquant ? Comment devenait-on si mauvais, si insensible ; et en même temps sensible à ceux qui s'opposaient clairement à soi ? Sa main douce ; ça aussi, c'était absurde. Qui sortirait une telle remarque ? Comment pouvait-on envisager que Neill pût le faire, lui ? « Pourquoi est ce que tu veux pleurer ? » Sa main serrait plus fort la sienne. Comme si Unity allait le lâcher. Elle avait l'impression qu'en le rendant faible, étant elle-même faible face à lui, ils pouvaient équilibrer leur rapport de force. Elle détestait perdre ; mais gagner face à lui était tout aussi désagréable. Être enfin dans cet équilibre, cette harmonie où aucun des deux ne pouvait prendre le dessus sans se descendre lui-même... c'était plus sain, et c'était quelque chose qui lui manquait. Elle n'avait pas cela avec sa famille, qu'elle fréquentait peu. Ni avec Ringalls, qui même si se montrait bien plus sympathique avec elle, restait son employeur. Personne ne s'inscrivait dans ce rapport d'égalité, et à cet instant, elle voulait en profiter. Vivre pleinement le moment, tant qu'il durait. « Et surtout, pourquoi vouloir te montrer faible devant moi ? »
Oui, pourquoi ? Comment pouvait-elle croire que montrer sa faiblesse à elle, pourrait être ce qui affaiblirait Neill ? Mais, elle le savait. Elle le devinait clairement. C'était cette compréhension qui se passait de mots, ce qui était inné. Parfois, elle comprenait des aspects de Neill. C'était rare, elle le savait ; elle voyait clair, et cette lucidité la poussait à en profiter. « Mais parce que c'est toi qui me fais pleurer, je croyais que tu le savais ? Je t'ai dit, bon sang, que j'ai vécu l'horreur il y a peu, et toi, tout ce que tu trouves à faire, c'est de me perturber ainsi... Tu le fais exprès, non ? Ou pas ; ça n'a pas d'importance. Tu sais depuis combien de temps on ne m'a pas touché les cheveux comme ça ? Tu sais à quoi ça me fait penser, à quel point ça fait mal ? » Unity s'arrêta un instant, vérifiant le chemin. Elle connaissait plus ou moins le quartier, reconnut une ruelle un peu sombre, où ils seraient plus discrets. Elle n'avait pas peur de la présence de quelques voyous. Neill était le plus dangereux de tous, de toute façon, et tant qu'il décidait qu'elle devait rester en vie, elle ne voyait pas comment elle pouvait craindre pire. Une légère pression, et elle l'emmena à l'intérieur. Le soleil passait difficilement, devant surmonter ces murs décharnés ; l'ombre était un peu plus fraîche, ce qui n'était pas désagréable au demeurant. Elle pensa un instant lâcher la main du vicomte, mais songea que ce n'était pas prudent. Tant qu'elle le touchait, elle le contrôlait un peu. Peut-être son hésitation se sentit-elle, mais elle garda son emprise. Le contact changeait tout.
« Là, c'est mieux. Je sais comment tu es, tu aimes dominer les autres et te réjouir de leur souffrance. Ne mens pas. Je sais aussi comment tu me vois, je vois bien que c'est un cadeau à te faire. Mais un cadeau empoisonné. Tu le regretteras de toute façon. » Sa voix baissait, à mesure qu'elle se sentait partir. Son cœur cognait trop fort, douloureux à l'évocation de ces derniers temps difficiles, dont elle sortait à peine. La ruelle était étroite, ils étaient relativement proches. Le silence se fit un instant, entrecoupé uniquement de leurs respirations. Puis, Unity lâcha : « Tu vois, Neill, je crois que je suis forte et faible à la fois. Quand je suis forte, je ne sais pas en profiter. Quand je faiblis, j'arrive toujours à en profiter. Tu as remarqué que c'est l'arme la plus redoutable ? Qu'elle n'ait redoutable que dans les mains de ceux qui ont la force de l'utiliser ? Le véritable pouvoir, je crois, c'est le paradoxe. Tu devrais encore me blesser. Je te l'ai dit, je te ferai tomber, j'y crois sérieusement. » Elle reprenait un peu de confiance. Pas trop tout de fois, du moins, du point de vue extérieur. Cela l'énervait, mais elle devait reconnaître que c'était ainsi qu'elle devait le manipuler. Peu importait, du moment que cela marchait. Sa volonté ne comptait pas tellement. Une unique larme roula sur sa joue, larme d'actrice, larme sincère et contrôlée.
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